le 23 mars 2004
Mauz I. Rémy J.
Quelle conception les agriculteurs des Alpes du Nord ont-ils de la biodiversité ? Les enquêtes et les observations que nous avons réalisées donnent à penser qu'on ne saurait apporter à cette question de réponse unique. Les agriculteurs apprécient certaines espèces qu'ils ne cultivent ni n'élèvent. Ils constatent qu'elles se portent bien, ou mal, en même temps que l'agriculture et ils avertissent qu'un déclin de leur activité leur sera funeste. Mais il est d'autres espèces, comme les ligneux de la friche et plusieurs animaux sauvages, qui semblent entretenir avec l'agriculture une activité antagoniste et qu'ils rejettent violemment. Contrairement à la friche, les animaux sauvages ont des partisans au sein de la communauté villageoise. Ils ne font donc pas que compliquer la tâche des agriculteurs : ils mettent en évidence leur relative perte d'influence. On comprend, dans ces conditions, que les agriculteurs répugnent à parler de biodiversité en général : elle rassemble des êtres que leur expérience, à la fois sociale et technique, les amène à opposer.