le 23 mars 2004
La diversité et la complexité des questions liant agriculture et conservation de la nature, même lorsqu'elles sont limitées à l'utilisation des couverts prairiaux, sont telles qu'on ne peut imaginer les réduire à un corpus de connaissances stabilisées directement utilisables par les gestionnaires. Ainsi, dans de nombreuses situations de gestion, les acteurs du monde rural sont invités à se concerter, de manière à concevoir les mesures par la confrontation des points de vue, par l'échange et le partage de connaissances tant expertes que profanes, par l'évaluation chemin faisant des actions entreprises ; bref, par un ensemble de modalités d'interaction qui visent à co-construire la relation agriculture – conservation de la nature et les moyens à mettre en œuvre.
Partant d'une histoire simple mettant en scène deux éleveurs et un naturaliste, et s'appuyant sur deux études de cas dans les marais de l'Ouest, les auteurs analysent le fonctionnement de tels dispositifs de concertation. Dans un premier temps, ils proposent de s'intéresser aux lieux et aux modalités de dialogue entre les divers protagonistes des questions agri-environnementales, c'est-à-dire aux formats de rencontre qui ne sont pas indifférents au processus de co-construction. Dans un deuxième temps, ils développent la question des mises en équivalence cognitive, c'est-à-dire la confrontation de valeurs, de connaissances et de normes qui s'opère dans l'interaction. Ils analysent plus particulièrement les ajustements des énoncés qui sont produits, qualifiés ici de « sociotechniques », et le rôle des connaissances et des outils de leur formalisation dans ces ajustements.