15 décembre 2011
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Après une vingtaine d'années de mise en œuvre, les mesures agri-environnementales n'ont pas permis d'enrayer le déclin de la biodiversité dans les paysages agricoles. Des études récentes défendent l'idée que des mesures efficaces demanderaient non seulement de développer des pratiques favorables à la biodiversité à l'échelle de la parcelle mais aussi de favoriser des usages et des agencements spatiaux de ces usages qui accroissent l'hétérogénéité des paysages. On dispose à ce jour de peu de quantifications sur la relation production agricole / biodiversité dans des paysages plus ou moins hétérogènes. L'objectif de cette étude est d'analyser à différentes échelles spatiales la relation entre production fourragère et conservation d'oiseaux dans un agroécosystème prairial exploité par des élevages bovins viande. La démarche de recherche s'appuie sur le développement de plusieurs modèles basés sur la théorie de la viabilité. Ces modèles formalisent à trois échelles spatiales emboitées (parcelle, exploitation, paysage) les interactions entre les pratiques de pâturage et de fauche et les dynamiques écologiques de deux espèces d'oiseaux prairiaux (vanneau huppé et chevalier gambette) et apportent quatre résultats principaux. A l'échelle de la parcelle : 1) les périodes et les intensités de pâturage sont des déterminants majeurs de l'arbitrage entre production et conservation ; 2) les meilleures performances écologiques sont atteintes aux niveaux intermédiaires de performances productives. 3) A l'échelle de l'exploitation agricole, la proportion des différents usages agricoles est un levier majeur de l'arbitrage entre production et conservation mais la conservation des oiseaux a toujours un coût en termes de production. 4) A l'échelle du paysage, l'agencement spatial des usages module l'arbitrage entre production et conservation. L'ensemble de ces résultats révèle des leviers d'arbitrage spécifiques aux différentes échelles. A chacune de ces échelles, l'interaction entre différents modes d'exploitation est à la base des mécanismes d'arbitrage entre production et conservation. L'importance de l'agencement spatial des modes d'exploitation suggère que la conciliation entre production et conservation pourrait fortement bénéficier de coordinations accrues entre exploitations agricoles.
Agri-environmental measures have not been able to halt the decline of biodiversity in agricultural systems. Agricultural practices aimed at preserving diversity on a field scale appear to be deficient. This study models the interactions between grazing/mowing practices and the ecological dynamics of two grassland bird species (Northern Lapwing and Common Redshank) at three nested spatial scales (field, farm and landscape). On a field scale, grazing periods and intensity determine the balance between production and conservation. Optimal ecological performance is achieved at intermediate production levels. On a farm scale, the extent of different agricultural practices determines this balance. Nevertheless, bird conservation always carries a cost in terms of production. On a landscape scale, the spatial layout of land use is also taken into account in determining this balance.
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