05 octobre 2015
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L'élevage joue un rôle majeur dans le cycle biogéochimique du phosphore (P), et ce à différents niveaux d'organisation. En France, les effluents d'élevage produits annuellement contiennent 310 000 t de P par an soit plus que la quantité de P apportée aux sols par les engrais minéraux (286 000 t P). A l'échelle du département, l'usage d'engrais minéraux P décroît quand le chargement animal augmente, ce qui montre que le P apporté par les effluents d'élevage est pris en compte dans le raisonnement de la fertilisation. La substitution est cependant seulement partielle. La spécialisation croissante des exploitations agricoles et la ségrégation géographique entre zones d'élevage et zones de culture est un obstacle majeur à la valorisation optimale de la ressource en P que constituent les effluents d'élevage. Il en résulte des apports de P excédentaires en zone d'élevage intensif, avec des risques associés de transfert de P vers les eaux et d'eutrophisation, et une dépendance de la production végétale aux engrais minéraux de synthèse en zone de grandes cultures. Un raisonnement des apports privilégiant l'azote et une sous-estimation fréquente des apports de P par les produits organiques contribuent également à des apports de P excédentaires, même en l'absence d'excédent structurel. La mise au point de procédés permettant de concentrer le P des effluents d'élevage, et donc de réduire les coûts de transport, et une fiabilisation des références relatives à la valeur fertilisante phosphatée à court terme des effluents d'élevage sont nécessaires pour favoriser un recyclage optimal de cette ressource. Des pistes pour ré-associer cultures et élevages afin de recycler les effluents d'élevage localement doivent également être explorées.
Livestock have major, multiscale effects on the phosphorus (P) cycle. In France, livestock produce 310,000 tons of P per year via their effluent; this is more P than is present in mineral fertilisers. Although farmers will substitute organic fertilisers for mineral fertilisers, they do not forgo the latter entirely. Because farms are becoming increasingly specialised and livestock systems and crop systems are becoming increasingly spatially separated, it is difficult to make efficient use of livestock-produced P. As a result, P inputs are in excess in areas with intensive livestock farming, but crop-specialised areas continue to rely on mineral fertilisers. To more effectively recycle livestock-produced P, it is necessary to better link crop and livestock systems (e.g., within farms or regions); develop methods of concentrating the P found in livestock effluent (e.g., to facilitate transport); and to provide better estimates of the P contained in various types of organic fertilisers.
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