13 juillet 2017
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Pourrait-on utiliser les arbres, arbustes et lianes (plantes dites ligneuses) dans les systèmes fourragers en climat océanique et en particulier au pâturage ? Cet article présente des dispositifs mis en place à l'Inra à Lusignan (Nouvelle Aquitaine) pour insérer l'agroforesterie dans un système d'élevage bovin laitier. Les dispositifs expérimentaux permettent d'étudier différentes espèces, organisations spatiales et types de protection vis-à-vis du troupeau, ainsi que plusieurs modes d'exploitation de ces ressources ligneuses. La valeur nutritive des feuilles fait l'objet d'une large évaluation (valeur énergétique et azotée, teneur en fibres et en tanins condensés). Les premiers résultats, obtenus sur des feuilles collectées en été, illustrent la grande variabilité existant au sein des 27 espèces échantillonnées, avec des teneurs en MAT du feuillage variant de moins de 100 à plus de 180 g/kg MS et des digestibilités comprises entre 47 et 87 %. La gamme de variation de la dégradabilité théorique de l'azote (DTN), calculée pour 12 espèces à partir de leurs cinétiques de disparition dans le rumen, est très large (13 à 70 %). Certaines espèces présentent des quantités importantes de tanins condensés (jusqu'à 170 g/kg MS pour le robinier faux acacia), pouvant limiter fortement la disponibilité de l'azote. Plusieurs espèces présentent un excellent profil tant pour leur valeur protéique que pour leur valeur énergétique. C'est le cas surtout du mûrier blanc et du frêne, espèces traditionnellement utilisées respectivement sous climat méditerranéen et continental, mais aussi du tilleul, de l'aulne de Corse et d'un certain nombre de lianes et d'arbustes. D'autres espèces conviendraient également pour alimenter en été, et par le pâturage, des animaux à l'entretien ou aux besoins plus modérés que des animaux en lactation. Les arbres, arbustes et lianes constituent potentiellement une ressource fourragère mobilisable et intéressante pour des animaux laitiers, en particulier lorsque les fourrages traditionnellement pâturés sont moins disponibles (été, automne), en raison de conditions climatiques défavorables. Les évaluations futures seront élargies à une gamme plus importante d'espèces et à diverses modalités d'exploitation (saisons, conduite en têtard, recépage...). Elles s'attacheront aussi à préciser les conditions d'utilisation et les niveaux d'ingestion de ces ressources par l'animal.
EMILE J.-C., BARRE P., DELAGARDE R. & al., 2017. Les arbres, une ressource fourragère au pâturage pour des bovins laitiers ? Fourrages n°230, p. 155-160.
Can forage systems exploit trees, shrubs, and lianas, particularly during summer grazing? This study discusses the approaches being used at the INRA center of Lusignan to combine agroforestry and dairy livestock farming. Researchers are examining different species, spatial organisation systems, and means of protecting herds, as well as exploring multiple ways of exploiting woody resources. The first results for nutritional quality (i.e., of leaves collected in the summer) show that a great deal of variability exists among the 27 study species. They also highlight the attractiveness of certain tree species, such as the white mulberry (Morus alba), the ash (Fraxinus excelsior), the common linden (Tilia platyphyllos), and the Italian alder (Alnus cordata), as well as of certain shrubs and lianas. Other species could also be used to feed specific types of grazing animals in the summer, namely those on maintenance diets or with more modest needs (i.e., non-lactating animals).
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