15 janvier 2015
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Qu'est-ce qui motive les éleveurs à mettre en œuvre telle ou telle pratique de lutte contre le campagnol sur leur exploitation ? Des éléments de réponse sont apportés en croisant une analyse agronomique des conduites agricoles et une analyse anthropologique des perceptions et des représentations associées.L'étude menée dans 4 territoires montagneux d'Auvergne et du Jura montre que le campagnol et la lutte chimique ne sont pas identifiés, pensés et mobilisés de la même façon selon les personnes. De plus, les pullulations de campagnols n'ont pas le même impact sur les exploitations agricoles, quelle que soit la région considérée et le système de production adopté. LA solution unique adaptable à tous les agriculteurs (les « bonnes pratiques ») n'existe pas, car pour apporter un conseil qui puisse correspondre à chaque situation (et donc permettre une gestion pérenne des pullulations), il faut tenir compte des spécificités de chaque contexte local, ce qui nécessite d'analyser, à chaque fois les caractéristiques bio-techniques du territoire, le fonctionnement de ses réseaux d'acteurs, les besoins et les représentations des éleveurs et des techniciens agricoles, .... En effet, les réponses qui ont été apportées par les techniciens et les agriculteurs pour lutter contre le campagnol sont très variables d'une région à l'autre. Elles dépendent à la fois des façons de penser et de faire des techniciens et de leurs structures, du cadre conceptuel qu'ils mobilisent pour concevoir leur projet de gestion, de l'organisation des réseaux d'agriculteurs et des autres acteurs concernés (chasseurs, naturalistes, habitants...), de leurs représentations du phénomène de pullulation.... Enfin, la diffusion des innovations techniques qu'implique la lutte raisonnée passe par des collectifs. Elle est facilitée lorsque ces collectifs sont constitués d'agriculteurs ayant des systèmes de production et des façons de penser diversifiées (réseau social dense à liens faibles) et qui se considèrent comme solidaires.
Why do farmers choose one water vole control measure over another? Some answers to this question were obtained by simultaneously conducting an agricultural analysis of farming practices and an anthropological analysis of how farmers perceive and represent water voles and control measures. This study, which was carried out in four mountainous regions in Auvergne and the Jura, shows that different individuals perceive and describe water voles and pesticide use differently. Moreover, the effects of water vole outbreaks on farms vary across regions and farming systems. To manage outbreaks over the long term, it is necessary to set aside the idea that a universal solution exists. Instead, the specificities of each region need to be taken into account (e.g., natural features, farming system characteristics, the functioning of the stakeholder network, and the needs and perceptions of farmers and agricultural specialists).
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