16 octobre 2006
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Les ruminants produisent du méthane lors des fermentations des aliments dans le rumen, contribuant pour 3% environ au réchauffement de la planète. Le méthane est une voie d'élimination de l'hydrogène produit dans le rumen lors de la fermentation des glucides ; sa production constitue une perte d'énergie pour l'animal. Elle peut être limitée si d'autres voies métaboliques ruminales sont sollicitées. Ce texte discute les principaux moyens de réduire la méthanogenèse chez les ruminants, en commençant par les moyens plus spécifiques (additifs) pour ensuite aborder les moyens plus globaux (ration, animal
).
L'effet de multiples additifs a été étudié dans le but de réduire la production de méthane. Ils agissent le plus souvent en réduisant ou inhibant les micro-organismes méthanogènes (antibiotiques, substances chimiques diverses) et/ou en modifiant les orientations métaboliques dans le rumen (acides organiques, peptides, extraits de plantes). Les premiers sont d'une efficacité partielle et leur usage, pour la plupart d'entre eux, n'est pas autorisé à cause des risques de toxicité ou sanitaires qu'ils présentent ; l'efficacité et/ou l'intérêt économique des seconds restent à confirmer. Diverses tentatives biotechnologiques ont été proposées : sélection des micro-organismes du rumen (par élimination des protozoaires ou par inoculation de souches bactériennes exogènes) et vaccination contre les micro-organismes méthanogènes. Leur efficacité sur le long terme n'est pour l'instant pas démontrée.
Les émissions de méthane sont réduites lorsque les quantités ingérées par l'animal augmentent et lorsqu'il reçoit une alimentation riche en concentré, donc pauvre en parois végétales. L'apport de lipides riches en acides gras polyinsaturés (acide linolénique, présent en particulier dans la graine de lin) réduit significativement la méthanogenèse. Les possibilités d'amélioration génétique ainsi que l'effet de la modification des systèmes d'élevage sont discutés. L'intensification des productions, obtenue en particulier grâce à des animaux à fort potentiel, se traduit par une diminution sensible de la production de méthane par unité de produit animal (kg de lait ou de viande). Cette possibilité concrète et immédiate de réduire la méthanogenèse est toutefois en opposition avec la demande sociétale qui va dans le sens d'une agriculture plus extensive pour la qualité de ses produits, l'entretien des territoires et la préservation de l'environnement qu'elle assure.
Methane is a product that contributes to the elimination of hydrogen from the rumen during the fermentation of the glucides. Its production is energy-consuming for the animal but can be limited by specific means or by adequate systems of livestock management. Several methods have been tried (though not yet applied at an agricultural scale) with the aim of reducing the production of methane : additives that inhibit the methane-producing microorganisms or modify the metabolic pathways in the rumen ; biotechnological trials (selection of rumen microorganisms or vaccination against the methane-producing microorganisms). When the amounts ingested by the animal increase and when the feed is rich in concentrates (and therefore poor in cell-walls) or in poly-insaturated fatty acids (linolenic acid), the production of methane diminishes. Intensified rearing methods result in a noteworthy reduction of the methane production per unit of animal product (kg milk or kg meat). This real possibility with an immediate effect goes however against the general trend where public opinion favours more extensive farming with high-quality products, the maintenance of the lands, and the preservation of the environment.
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