30 juin 2022
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Depuis une vingtaine d’années, une diminution des pratiques de fertilisation minérale a été observée sur les prairies à l’échelle nationale, notamment en P et surtout en K. Ces diminutions de fertilisation minérale peuvent conduire à un risque de diminution de production et de perte de pérennité dans un certain nombre de situations de terrain.
Des outils de diagnostic, basés sur l’analyse d’herbe (indices de nutrition N, P et K) ou sur l’analyse de terre, ont été proposés depuis un certain nombre d’années.
La pertinence de ces outils est illustrée ici sur le dispositif expérimental de longue durée ACBB de Lusignan. Ce dispositif explore les cycles biogéochimiques de prairies temporaires et rotations prairies-cultures annuelles dans différents modes de gestion : durée de la prairie dans la rotation, exploitation en fauche ou en pâturage, niveau de fertilisation N. Les résultats obtenus sur 15 années illustrent que si la nutrition P se maintient à un niveau suffisant, en revanche la nutrition K peut devenir limitante, conduisant à une baisse de production et de pérennité. Les résultats montrent également que les contraintes de nutrition P-K sont très liées au bilan minéral à la parcelle. Ces bilans minéraux sont en prairie extrêmement variables selon les modes de gestion appliqués. Ainsi la baisse de fertilité K du sol pour la végétation est la plus rapide et la plus forte en système de prairie fauchée et fertilisée en N, intermédiaire dans les rotations courtes prairie-culture, et la moins rapide et la moins forte en système de rotations annuelles, en prairie peu fertilisée en N et en prairie pâturée. Lors des phases de transition de prairie à culture annuelle, les indices de nutrition montrent des comportements singuliers.
La pertinence et les limites des indicateurs de nutrition basés sur la végétation et sur le sol, utilisés sur prairie et cultures annuelles, sont discutées.
Over the last twenty years, we have observed a decrease in mineral fertilization practices grasslands on a national scale, particularly in P and especially in K. These decreases in mineral fertilization can lead to a risk of decreased production and loss of sustainability in a certain number of field situations.
Diagnostic tools, based on grass analysis (N, P and K nutrition indices) or soil analysis, have been proposed for a number of years.
The relevance of these tools is illustrated here on the ACBB long-term experimental set-up in Lusignan. This system explores the biogeochemical cycles of temporary grasslands and grassland-annual crop rotations under different management modes: duration of the grassland in rotation, mowing or grazing, level of N fertilization. The results obtained over 15 years illustrate that while P nutrition is maintained at a sufficient level, K nutrition can become limiting, leading to a decrease in production and sustainability. The results also show that P-K nutrition constraints are very much linked to the mineral balance in the field. These mineral balances are extremely variable in grassland depending on the management methods applied. Thus, the decrease in soil K fertility for vegetation is most rapid and strongest in mowed and N-fertilized grassland systems, intermediate in short grassland-crop rotations, and least rapid and weakest in annual rotation systems, in grassland with little N fertilization and in grazed grassland. During the transition phases from grassland to annual crop, the nutrition indices show singular behaviors.
The relevance and limitations of vegetation and soil-based nutrition indicators used on grassland and annual crops are discussed.
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