Lutte contre le campagnol terrestre : seule la prévention est payante !
Jusque là cantonnées dans certains milieux de moyenne montagne (Franche-Comté, Auvergne), les pullulations de campagnols touchent maintenant des régions de plaine. Elles présentent un danger réel pour les systèmes herbagers en compromettant l'équilibre des exploitations d'élevage et la sérénité des éleveurs. Longtemps inexpliquées, ces pullulations et leur maîtrise appellent des réflexions et des pratiques inhabituelles pour ne pas dire paradoxales.
Ce dossier présente les résultats obtenus à partir des recherches-actions récentes. L'étude globale des processus permet de proposer des solutions durables pour les surfaces herbagères et les exploitations d'élevage.
Synthèse globale de la conférence de presse du 22/01/2015
Comprendre les phénomènes
Les pullulations de campagnols sont un phénomène cyclique qui revient tous les 6 ans environ. Elles se développent essentiellement dans des régions herbagères, de montagne, dans des systèmes où la proportion de prairies permanentes est devenue très élevée, notamment suite à la spécialisation des systèmes d'élevage, encouragée par la PAC depuis les années 60.
Comment lutter contre le campagnol terrestre ?
La lutte chimique pendant les pullulations, privilégiée pendant une vingtaine d'années pour limiter les impacts sur le rendement des fourrages, a montré des dangers pour la faune sauvage, sans pouvoir enrayer les pullulations à une échelle plus large.
Evolution des effets non intentionnels de la lutte chimique contre le campagnol terrestre sur la faune sauvage et domestique (M. Coeurdassier et coll., Fourrages n°220, 2014)
La lutte raisonnée : Les travaux conduits depuis une vingtaine d'années montrent que seule la prévention est payante ! Entre 2 pullulations, les campagnols terrestres sont invisibles mais bien présents, dans les galeries du sol. C'est justement à ce stade qu'il faut agir pour contenir en permanence leurs effectifs grâce à tout un ensemble de mesures combinées visant à lutter contre les taupes, favoriser les prédateurs (par ex. en ré-implantant des haies et en maintenant un couvert assez ras), détruire les galeries des campagnols (par le piétinement du bétail au pâturage au moins une fois par an), limiter la continuité spatiale des parcelles de prairies permanentes (en ré-introduisant quelques parcelles cultivées en prairies temporaires ou en céréales, lesquelles peuvent être valorisées avec bénéfice sur l'exploitation)...
Ces mesures ne doivent pas seulement être adoptées à l'échelle de l'exploitation mais à une échelle plus large, ce qui rend indispensable l'action collective des agriculteurs, en concertation avec les autres partenaires présents sur le même territoire.
Localement, les Fredon effectuent des comptages pour suivre l'évolution des populations entre les pullulations et contribuent à l'animation d'un réseau de vigilance et d'action mais la prise de conscience et la volonté des exploitants agricoles sont indispensables et déterminantes.
Pour aller plus loin
Dossier réalisé par l'AFPF avec la collaboration de Yves Michelin (UMR Metafort, Vetagrosup Clermont-Ferrand), Geoffroy Couval (UMR Chrono-environnement, INRA et FREDON de Franche-Comté), Patrick Giraudoux (UMR Chrono-environnement, Université de Franche-Comté et Institut Universitaire de France) et Denis Truchetet (DRAAF – SRAL Franche-Comté).