Brins d'herbe

A-coups climatiques : adapter son système fourrager par les ressources végétales et par leur conduite

Face aux bouleversements climatiques, l'agriculture doit s'adapter. Cet article vous propose des solutions concrètes pour optimiser vos prairies et assurer une alimentation de qualité pour votre bétail. Découvrez comment choisir les bonnes espèces, aménager vos parcelles et gérer vos pâturages pour faire face à la sécheresse, aux gelées tardives et aux autres aléas climatiques.

Bruno Osson

Bruno Osson

Semae

Expert fourragères

Pâturage tournant et dérobées estivales pour un élevage naisseur- engraisseur autonome

Le constat est bien là !  Le climat évolue, sans conteste : hivers anormalement doux, étés avec des pointes de chaleur, parfois extrêmes et sur une longue période. Ce scénario fréquent ne se répète pas chaque année. Comparons 2021 et 2022 ! Il y a également de fréquentes gelées tardives au printemps sur des végétations réveillées précocement, ce qui les rend alors vulnérables. Il faut ajouter à cela l’accélération du cycle de l’eau en hiver puis de périodes sèches inhabituellement longues. Chaleur et sécheresse sont deux facteurs différents mais souvent liés. Néanmoins, il convient de continuer à produire pour satisfaire les besoins alimentaires de nos concitoyens et bien sûr assurer le revenu mérité de l’élevage.

Il est nécessaire de repenser son système fourrager en puisant dans les différentes ressources végétales et par leur conduite.

 

Comment s’adapter 

La prairie naturelle est le premier espace. Les plantes qu’on y trouve sont les reflets du sol, du climat et des décisions de l’éleveur. Il y existe quelques moyens de s’adapter aux à-coups du climat : éliminer les causes de dégradation : absence de déprimage, piétinement en mauvaises conditions et surtout le surpâturage en période de manque d’herbe. Le pâturage trop ras épuise la plante, voire la nanifie et fait la part belle à l’arrivée d’adventices telles que la capselle, le pissenlit, les renoncules. En cas de manque d’herbe, il est préférable de concentrer les animaux sur une petite parcelle ombragée et d’affourrager. Il convient de favoriser l’enracinement profond, en favorisant l’activité des vers de terre dont les galeries permettront aux plantes d’aller mettre les racines plus en profondeur. Ces dernières seront alors plus résistantes à la sécheresse et à l’arrachement. Pour favoriser l’activité des lombrics, il est important d’épandre un peu de fumier ou compost à l’automne-hiver, et de permettre les échanges entre l’air du sol et l’air atmosphérique avec le hersage de surface. L’on sous-estime beaucoup la compaction des sols en prairie.  

Lorsque la production d’herbe au printemps est abondante, il est parfois dommage de faire du stock en ensilage ou enrubannage pour le redonner 2 mois plus tard. Le fourrage récolté coûte 4 fois plus cher que le fourrage récolté par l’animal. Il est aussi possible de constituer des stocks d’herbe sur pied destinés à être pâturé 6 ou 8 semaines plus tard. Mais la qualité doit être l’obsession ! Pour cela, il y a 5 points à respecter :

  1. Avoir déprimé la parcelle tôt afin que les graminées présentent une bonne densité (tallage).
  2. Avoir étêté : les animaux doivent passer une seconde fois afin que les repousses soient feuillues.
  3. Avoir une bonne proportion de légumineuses, car elles ont un long cycle de végétation et donc on une valeur alimentaire et une appétence stable plus longtemps. Elles sont également mieux adaptées à la chaleur et à la sécheresse.
  4. Lors du pâturage du stock sur pied, si la végétation dépasse 20 cm, envisager un pâturage au fil, avant et arrière, avancé chaque jour.
  5. S’il s’agit de prairie semée, lors du choix des variétés, privilégier : la résistance aux maladies et la remontaison.

Repenser l’aménagement des parcelles est aussi un moyen de s’adapter : certaines parcelles peuvent être plantées arborées avec une bonne répartition des arbres sur la surface. Le pré-verger peut être une source de revenu. Les haies amènent confort aux animaux comme au plantes les protégeant du soleil et du vent. Mais attention, les branches ne peuvent être considérées comme du fourrage car riches en lignine, elles sont peu digestibles. Elles ne peuvent apporter qu’un sentiment de satiété. Cependant, les feuilles sont davantage digestes et peuvent avoir des vertus diététiques et condimentaires pour certaines espèces mais il est difficile d’envisager une quantité consommée importante.

Il faut aussi penser à bien répartir les points d’abreuvement afin d’homogénéiser la fréquentation des animaux sur la surface.

En cas de prairie semée, le mélange d’espèces est aujourd’hui la règle. Mais la conception d’un mélange doit être raisonnée en fonction de l’usage prévu, du type de sol, de la saisonnalité et de la durée envisagée de maintien en place. Il faut miser sur la complémentarité entre les espèces. Pour chacune d’entre elles, optimiser le choix de la variété grâce au site www.herbe-book.org  et pour le ratio des composants le calculateur de semis qui tient compte des PMG et du souhait de peuplement de l’éleveur.  Il faut donc imaginer une recette où quel que soit le scénario climatique, certaines espèces compenseront les autres.

A côté des surfaces prairiales, d’autres ressources fourragères sont envisageables. Les cultures dérobées avec de nombreuses espèces disponibles dont le choix se fera en fonction de l’usage et de la période d’usage prévu, mais aussi de la date de semis possible, du mode de destruction envisagé et d’éventuels autres objectifs attendus : agronomiques, cynégétiques, mellifères, lutte contre l’érosion, etc…. Les dérobées peuvent permettre de prolonger à l’automne la durée de pâturage et d’éviter le surpâturage des prairies, mais aussi parfois de maintenir des animaux dehors l’hiver selon les régions et de les sortir tôt au printemps. En cas de climat favorable à l’herbe, les dérobées, selon les plantes qui les composent, peuvent constituer du stock supplémentaire.  

Parmi les dérobées, il y a ce qu’on appelle communément le méteil. Il peut s’agir d’une culture dérobée ou d’une culture principale, d’été, d’hiver ou de printemps. Le choix des composants se fera en fonction de ces critères ainsi que de l’objectif de valeur alimentaire : qualité ou quantité. D’une façon générale, les méteils sont peu gourmands en eau et en intrant.

Enfin, les accidents climatiques des derniers étés ont permis de démontrer l’excellente capacité de la betterave fourragère qui est capable de faner puis de récupérer avec une étonnante productivité.

Les sélectionneurs intègrent dans leurs objectifs de sélection l’adaptation aux à-coups climatiques. En graminées et légumineuses des critères telle la répartition du rendement sont déjà disponibles sur www.herbe-book.org et l’amélioration s’amplifiera avec l’apparition de nouvelles espèces.

Face aux à-coups du climat, la filière semences propose de nombreuses plantes. Il est essentiel de connaitre la biologie de chacune d’entre elles afin de bien les insérer dans un contexte agro climatique et agroécologique.  Au sein de ces espèces la recherche continue d’améliorer et d’orienter la sélection en intégrant les attentes des utilisateurs.

Cet article a été rédigé par

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