Bien connaitre les définitions des critères variétaux des espèces fourragères pour optimiser son choix
Vous souhaitez améliorer la productivité et la qualité de vos prairies ? Le choix de la variété est une étape cruciale. Cet article vous guide à travers les principaux critères variétaux tels que la précocité, la productivité, la résistance aux maladies et bien d'autres. Découvrez comment sélectionner les variétés les mieux adaptées à vos besoins et à vos conditions pédoclimatiques.
Bruno Osson
Semae
Expert fourragères
Le nombre de variétés en graminées et légumineuses inscrites au Catalogue officiel français des variétés est considérable puisqu’elles sont environ 500 et que chaque année c’est une trentaine de nouvelles qui passent avec succès le sévère examen d’entrée.
Par définition, chaque variété est différente. Pour chacune des espèces, des critères ont été retenus par un organisme public, le GEVES (groupe d’études des variétés et d’essais de semences). Ces derniers varient selon les espèces. Certains ne concernent qu’une espèce, d’autres sont communs à plusieurs.
Les noms de ces critères sont plus ou moins connus mais surtout leurs définitions sont souvent mal assimilées ou font l’objet de confusion. C’est pourquoi nous proposons de les lister, de rappeler leurs définitions et de préciser les espèces concernées.
Stade départ ou démarrage en végétation
Ce stade est atteint dès lors que la hauteur de végétation atteint 25CM (20 cm pour le ray-grass anglais). Il est lié à la température et à la plante elle-même, permettant de comparer des espèces ou variétés entre elles. Ce critère concerne toutes les espèces.
La précocité
Il s’agit de la date à laquelle la plante épie (graminée ou fleurie (légumineuse). La précocité permet de comparer des variétés entre elles, mais la situation géographique va faire varier la date, et un peu la température du printemps. L’on oppose le terme précoce à tardif. Dans certaines espèces, comme le ray-grass anglais, il y a une grande amplitude. Ce critère concerne presque toutes les espèces, sauf celui de « stade début épiaison » (10 épis au mètre linéaire).
La souplesse d’exploitation
Il s’agit du nombre de jours entre le stade de départ en végétation et celui de début d’épiaison. Plus la durée est longue, plus l’éleveur a la faculté de gérer les excédents sans que le fourrage ne perde de sa valeur. Ce critère concerne toutes les graminées.
La remontaison
Il s’agit de la prédisposition de la plante à reproduire une seconde fois ou une troisième fois des épis. Elle est systématique pour les ray-grass- hybride, italiens et pour les brômes. Pour les autres graminées, il n’y a pas de remontaison, ou peu, surtout en cas de situation stressante. La prédisposition de la variété à remonter est notée et communiquée. Toutes les légumineuses refleurissent plusieurs fois. La remontaison peut être une qualité ou un défaut en fonction de ses objectifs.
L’alternativité
Une graminée non alternative monte en épis dès l’année du semis. Une graminée non alternative a besoin de passer un hiver en terre pour produire un épi au printemps suivant. Tous les bromes sont alternatifs. Pour les ray-grass italiens, il existe des variétés alternatives et d’autres non alternatives. Le choix se fera en fonction de l’usage prévu et des dates. Pour les autres graminées, il peut y avoir une petite proportion des plantes qui épient quand même dès l’année du semis. Qualité ou défaut ? Cela dépend de l’usage prévu.
La ploïdie
Pour les ray-grass anglais, hybrides et italiens, ainsi que pour le trèfle violet, le choix existe entre des diploïdes et des tétraploïdes. Les tétraploïdes ont vu leur nombre de chromosomes doubler, et entraîner des cellules plus grandes, un certain gigantisme des plantes, et surtout davantage de glucides cytoplasmiques par rapport aux pariétaux et donc digestibilité nettement supérieure.
La productivité
Elle est chiffrée par des pesées répétées, dans des conditions pédoclimatiques optimums et identiques. La première coupe, la somme des coupes du printemps, puis d’été-automne, ainsi que les coupes cumulées de l’année.
La pérennité
Au bout de 3 années d’observation, l’on note la proportion de plantes ayant disparu.
La résistance aux maladies et autres bioagresseurs
Les maladies cryptogamiques varient quelque peu selon les espèces. Une plante malade est moins productive, moins appétente, moins pérenne. Il existe des nuances entre variétés ayant une prédisposition à être sensibles ou résistantes. Il en est de même par rapport à la résistance aux nématodes (luzerne).
La valeur énergétique
Les variétés sont comparées dans les mêmes conditions et une valeur est exprimée en unité fourragère lait/
La valeur protéique
Les variétés, dans des conditions identiques, sont analysées et le résultat est exprimé en % de la matière sèche.
Pourcentage de sucre
Pour les 3 ray-grass, le dactyle, la fétuque élevée, le taux de sucre est chiffré. Il est exprimé en % de la matière sèche. Plus le taux est élevé, plus la conservation en ensilage est aisée.
Le comportement estival
Répondant à une préoccupation forte des éleveurs face aux à-coups climatiques, ce critère est récent et les références sont encore peu nombreuses. Il s’agit de noter la faculté de la plante à continuer à produire ou au moins à ne pas mourir en situation soit de sécheresse, soit de canicule, ou bien les deux.
La résistance au froid
Pour le dactyle, le brome sitchensis et le ray-grass anglais, l’on note la capacité de la variété à résister à des fortes gelées, notamment en altitude.
ADF (acid detergent fiber)
Ce nouveau critère concerne le fait de chiffrer la fraction ligno-cellulosique que l’on souhaite la plus basse possible, lors d’une analyse en laboratoire. Rappelons que la lignine est 100% indigestible et se retrouve indemne dans les fèces. De plus, un point de lignine parce qu’elle s’incruste dans les autres glucides pariétaux, fait baisser la digestibilité globale de 3,8 points. Sont concernées : la fétuque élevée, les 3 ray-grass et la luzerne type Nord.
La dormance
Ce critère concerne les luzernes. Elle caractérise l’intensité du repos hivernal. Plus une variété est dormante, plus elle résistante aux contraintes l’hiver.
Vigueur à la sortie de l’hiver
Pour la luzerne de type Nord et pour le trèfle blanc, l’on observe l’aptitude de la variété à produire vite une biomasse importante au printemps.
La résistance à la verse
Pour les espèces destinées à la fauche, l’on note l’aptitude de la plante à se tenir dressée, malgré le vent, pour une facilité à la récolte. C’est le cas pour la fléole, les luzernes, les RGH et RGI, ainsi que le trèfle violet.
La flexibilité
Pour la fétuque élevée et les festulolium, l’on note la souplesse des feuilles. Plus les feuilles sont souples, plus elles seront consommées, mais aussi digestibles.
Pour certaines variétés, l’on apporte une information supplémentaire qui est la convenance à un usage, plutôt pâture ou plutôt fauche.
La diversité des espèces et des critères variétaux est grande. Pour tirer parti du progrès génétique végétal, de la même façon que l’on analyse les critères dans le monde de la génétique animale. Chaque point compte. Un kg de matière sèche consommée en plus, correspond à un litre de lait gagné. Un point de protéines sur 1 hectare à 10 tonnes de matière sèche est équivalent à l’effet correcteur de 500 kg de tourteaux de soja. Il est donc indispensable de prendre ces critères en compte.
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