Brins d'herbe

Comment les semencier s'assurent de la pureté des semences commercialisées

Pour garantir la pureté des semences, un long processus de nettoyage et de tri est mis en œuvre. Les semences sont nettoyées, triées par densité, couleur et taille grâce à des machines sophistiquées. Ce processus permet d'éliminer les graines d'adventices et d'assurer une grande pureté des semences distribuées aux agriculteurs.

Bruno Osson

Bruno Osson

Semae

Expert fourragères

Semences fourragères : comprendre leur reproduction et ne semer que la ou les espèces attendues

Eviter les croisements involontaires

Les graminées et les légumineuses fourragères se caractérisent par le fait d’être des plantes allogames. Cela signifie que les fleurs femelles sont fécondées par le pollen provenant d’une autre plante, pollen amenée par le vent pour les graminées (fécondation anémophile) ou par des insectes (fécondation entomophile). L’on parle aussi d’espèces population, c’est-à-dire que chaque plante est un individu différent des autres de la même variété, mais néanmoins très ressemblant. La nature nous offre 3 types de semences :

-          Les semences population

-           Les semences « lignée »

-          Les hybrides.

Une semence « lignée » signifie que chaque graine de la variété a exactement le même patrimoine génétique que les autres graines de la dite variété.

 

Un hybride est un croisement de deux variétés permettant de bénéficier d’un phénomène naturel que l’on appelle la vigueur hybride ou l’effet hétérosis. La performance de la plante hybride est nettement supérieure à la performance moyenne des parents dont il est issu. L’on peut trouver des variétés hybrides dans les espèces « lignées » comme dans les espèces « population ». Et, contrairement aux idées reçues, un hybride n’est pas stérile ! Sa descendance sera, malgré tout, hétérogène.

 

Les règles de la production des semences fourragères sont ainsi dictées par la nature avec notamment des conseils d’isolement afin de s’assurer de l’origine des fécondations, la plupart des graminées et légumineuses étant présentes à l’état sauvage.

Mais, dans la parcelle de production de semences, des plantes adventices spontanées, souvent de la même famille botanique peuvent se retrouver. La lutte « désherbage » est alors difficile, voire impossible. Après un contrôle de la parcelle de production de semences concernant la présence ou non d’indésirables, tout va se jouer à l’usine. Cette préoccupation est d’autant plus stratégique que les plantes qui risquent de passer à travers les mailles du filet, sont aussi celles qui sont les plus difficiles à maitriser pour l’éleveur, utilisateur de ces semences.


Comment sont triés les semences après la moisson ?

De la semence brute qui sort de la moissonneuse jusqu’à la mise en sac, c’est toute une série de triage qui va être réalisée, avec à chaque étape l’occasion d’admirer l’ingéniosité des personnes qui ont réalisé ces machines.

La première étape est le nettoyeur séparateur, constitué essentiellement de grilles dont le rôle principal est d’enlever tout ce qui est plus petit et tout ce qui plus gros que la semence. Or, il faut savoir que la plupart des graines de nos plantes indésirables sont minuscules : les agrostis, les différents pâturins, les coquelicots, et bien d’autres… et la poussière ! L’on peut trouver également  quelques grosses graines ainsi que divers déchets végétaux ou cailloux, qui risquent d’être gênants lors du semis. A la sortie du nettoyeur séparateur, se trouve un aspirateur pour ôter les déchets très légers.

La semence passe ensuite sur la table densimétrique : une table inclinée, qui vibre intensément. Les éléments denses migrent vers la partie haute et les éléments moins denses migrent vers la partie basse. La densité est la masse volumique, le rapport volume et poids.

L’une des étapes suivantes est le passage au trieur optique : c’est une extraordinaire invention qui consiste à faire passer le flux de semences devant une caméra. Les éléments de couleur différente sont alors détectés et éjectés par un jet d’air comprimé.  

 

Pour les semences de luzerne, une forte préoccupation des semenciers et des éleveurs est la présence fortuite de cuscute. La graine de cette plante indésirable et ravageur de la luzerne a la même taille et la même densité que la luzerne. Comment la trier ? On a observé que la graine de la cuscute présente de petites vacuoles, ainsi en mélangeant la semence à de la fine limaille de fer, celle-ci vient se loger dans les vacuoles. Il suffit ensuite de faire passer la semence sur une plaque aimantée pour ôter toutes les cuscutes. Cette machine s’appelle le trieur magnétique

De nombreuses graines d’adventices présentent des irrégularités sur le tégument, une pilosité ou encore des appendices. Le trieur à rices consiste à faire passer la semence sur des rouleaux inclinés, habillés d’une sorte de velours sur lesquelles les indésirables comme les rumex vont être accrochés puis évacués.    

Toutes ces machines sont d’une remarquable ingéniosité. Elles permettent ainsi d’éviter le ressemis des plantes indésirables qui sont aussi celles dont la lutte est la plus difficile, comme la cuscute, le gaillet, les rumex... La masse de déchets organiques inertes, les cailloux et les graines d’adventices peuvent représenter 30 à 60% de ce qui sort de la moissonneuse. Il faut aussi savoir que la plupart des graines d’adventices sont minuscules alors que la plante développée concurrence fortement la culture. Ce haut niveau de technologie industrielle est donc un excellent moyen de lutte biologique.


Les semences fourragères sont de plus en plus utilisées en mélange.

L’agriculteur peut alors acheter les espèces pures et les mélanger lui-même ou acheter un mélange prêt à l’emploi. Or les semences des différentes espèces sont très variables en taille et densité. Par exemple, le PMG (poids de 1 000 graines) de la fléole est 0,4 gr, celui du ray-grass anglais tétraploïde de 3 gr !

Bien mélanger représente tout un art. Même dans le semoir de l’agriculteur, avec les mouvements du tracteur, les semences ont tendance à se « démélanger ». C’est pourquoi en conseil au semis, l’on préconise de charger le semoir en plusieurs fois. Dans la conception des mélanges à l’usine, le mélangeur est conçu de telle sorte que les proportions soient respectées du début jusqu’à la fin du lot, avec une parfaite homogénéité.

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