Comment optimiser la production fourragère en système ovin
L'alimentation des ovins est un enjeu majeur pour la réussite de votre élevage. Cet article vous guide dans l'optimisation de la gestion de vos prairies afin de fournir à vos animaux une alimentation de qualité tout au long de l'année. Découvrez comment choisir les bonnes espèces fourragères, les exploiter au bon stade et adapter vos pratiques à chaque période de l'année.
Bruno Osson
Semae
Expert fourragères
L’optimisation de la gestion de la production fourragère est fondamentale, d’un point de vue économique, en production ovine. Ce qui le distingue le mouton des autres herbivores, c’est sa grande amplitude de capacité d’ingestion en fonction de son stade physiologique. De 2 mois avant l’agnelage jusque 2 mois après, cette dernière est minimum, … et les besoins maximums ! Le reste du temps, la capacité d’ingestion est nettement supérieure, et les besoins diminuent fortement 4 mois après l’agnelage et le sevrage des agneaux. Il convient donc de distinguer 2 périodes très différentes : celle où la priorité sera donnée à la qualité du fourrage, 6 mois environ, et celle où elle sera donnée à sa quantité durant les 6 autres mois. La date d’agnelage de la troupe déterminera alors quand produire quel type de fourrage.
Tableau 1 : Evolution des besoins et de la capacité d'ingestion de la brebis en fonction de son stade physiologique
Brebis 60 kg en gestation de 2 agneaux |
Besoin d'entretien |
Besoin en reconstitution 100g de GMQ/j |
-6 à -5 semaines |
-4 à -3 semaines |
-2 à -1 semaines |
0 à 3 semaines |
4 à 6 semaines |
7 à 10 semaines |
UFI |
0,71 |
1,27 |
0,81 |
0,97 |
1,21 |
1,91 |
1,71 |
1,46 |
PDI |
54 |
76 |
88 |
112 |
132 |
184 |
164 |
134 |
Capacité d'ingestion |
1,7 |
1,7 |
1,5 |
1,45 |
1,32 |
1,96 |
2,16 |
2,31 |
UFI/CI |
0,41 |
0,74 |
0,54 |
0,67 |
0,92 |
0,97 |
0,79 |
0,63 |
Source : Alimentation des bovins, ovins et caprins - INRA
Tableau 2 : Aptitude des espèces fourragères à répondre aux besoins des brebis selon les époques de l'année
(Tableau réalisé par Bruno Osson de SEMAE)
Lorsque la qualité de l’herbe devient la priorité, l’on choisit des graminées et des légumineuses naturellement riches et productives : ray-grass anglais au printemps et en septembre, dactyle et brome fourrager toute la campagne herbagère, fétuque des près en plein été, associés à des trèfles blancs (attention pas de trèfles géants, dits ladino pour les moutons !), ou du lotier.
Il ne suffit pas que l’espèce soit nutritive, il faut aussi qu’elle soit exploitée au bon stade. L’étêtage doit être réalisé tôt et la hauteur de l’herbe toujours entre 5 et 12 cm.
Lorsque la productivité de matière sèche devient l’objectif, plutôt que la qualité, il est possible d’utiliser les mêmes espèces, ainsi que la fétuque élevée, de préférence de variétés à feuilles souples, des ray-grass italiens, des ray-grass hybrides, utilisés éventuellement en culture dérobées, ainsi que le trèfle incarnat ou d’Alexandrie. En interculture, l’on peut envisager des crucifères telles que le colza fourrager, le radis fourrager ou la navette fourragère.
La période de flushing représente un cas particulier : pour préparer les brebis à la lutte, l’on peut prévoir une parcelle avec une fourragère non seulement de bonnes valeurs alimentaires, mais à un stade optimum : uniquement feuillu avec une hauteur d’herbe idéale pour favoriser l’ingestion (8 à10cm). L’impact sera similaire à un apport de céréales et au combien plus économique.
La production de matière sèche sera conditionnée par l’espèce végétale, les conditions pédoclimatiques, le mode d’exploitation et la fertilisation. L’on a souvent le réflexe de penser à la fertilisation pour augmenter la productivité. Il faut d’abord se rappeler que la plante se nourrit de photosynthèse et que le premier facteur de production est la surface des feuilles pour valoriser le rayonnement solaire. L’optimum est atteint lorsque la hauteur d’herbe est de 8 cm. En dessous de cette taille, il n’y a pas assez de surface de feuilles et la plante ne peut exprimer son potentiel. D’où la difficulté de la gestion des prairies pour ovins qui pâturent ras. Il convient donc de s’adapter en organisant un pâturage tournant, en retirant les brebis si l’herbe n’est pas assez haute et en les contenant sur une surface restreinte et affouragée. Les cultures dérobées fourragères ou les semis de fourragères sous couverts de céréales peuvent alors représenter des solutions pour « soulager » les surfaces prairiales. L’alternance d’exploitation de parcelles assolées avec les surfaces prairiales est également un atout pour lutter contre le parasitisme.
La diversité des espèces et des variétés offre donc des solutions pour optimiser l’alimentation des ovins. Les fourragères de qualité, exploitées au bon stade apportent du concentré, à un coût 10 fois moins élevé ! La finition des agneaux est également possible sans concentré, en envisageant des ressources fourragères d’espèces riches et exploitées au bon stade durant cette période.
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