Comment optimiser les prairies pour les ovins
La gestion des surfaces prairiales est propre aux conditions pédoclimatiques mais dépend aussi de l’espèce animale présente sur l’exploitation et son niveau de performance technique. En ce qui concerne les moutons, il faut évoquer le comportement de l’animal, la saisonnalité des besoins, l’aspect sanitaire et les solutions que peut apporter la diversité de semences fourragères.
Attention au surpâturage
Le comportement des ovins vis-à-vis des prairies peut se résumer en deux points positifs et deux points négatifs. Le premier point positif est que le mouton a l’avantage de faire peu de refus. Le second est l’excellente répartition de leurs déjections. Celles-ci sont plus petites et ne gênent pas la végétation. Cet aspect impacte positivement la fertilisation et l’homogénéité de la parcelle. Par contre, le mouton pâture très ras. Or, pour produire de la biomasse, la plante a besoin de chaleur, d’eau et de fertilisant mais aussi de surface de feuilles pour faire de la photosynthèse. Pour que le potentiel de photosynthèse soit optimum, il faut au minimum une hauteur de feuille de 8 cm. En dessous de cette hauteur, il y a un manque à produire. On peut parfois avoir des conditions très favorables de température, d’humidité et de fertilisant mais, au final, avoir une productivité réduite car il n’y a pas assez de hauteur d’herbe.
La profondeur de l’enracinement est en lien avec la hauteur des parties aériennes. Il est nécessaire qu’à, au moins une période de l’année, l’herbe soit haute pour reconstituer pleinement le système racinaire, ceci est possible en alternant les périodes de pâturage par une fauche. Pour finir, le mouton, avec son poids réparti sur de petits sabots, exerce une forte pression sur le sol, et donc un tassement du sol sur les premiers centimètres. Ni la plante, ni le sol n’apprécient d’être piétinés excessivement. A partir de ces données, il faudra donc trouver des applications pratiques : pâturage tournant, apport de surfaces supplémentaires par des cultures dérobées, concentrer les brebis sur une surface restreinte et affourrager dès que la végétation est trop rase…
Respecter le cycle des besoins des ovins
L’espèce ovine se caractérise par une grande variation des besoins alimentaires en fonction du stade physiologique de l’animal. La moitié de l’année, les besoins sont faibles en fourrage et la capacité d’ingestion est grande. C’est le cas du sevrage des agneaux jusqu’à deux mois avant l’agnelage. Puis, les besoins augmentent en fin de gestation et la capacité d’ingestion diminue du fait de la place que prennent les agneaux dans la brebis. Après l’agnelage, les besoins sont maximum du fait de la lactation, mais la capacité d’ingestion ne ré-augmente que progressivement. Il faut aussi évoquer une période particulière qui est celle de la lutte, où il faut prévoir une alimentation riche pour favoriser la prolificité.
Une date repère : l’agnelage
On peut donc résumer les besoins en fourrage à une période où la qualité est prioritaire et une période où la quantité est prioritaire. Un point déterminant du système est la date d’agnelage. En fonction de celle-ci, il faudra concevoir son système fourrager afin d’avoir, 2 mois avant et 4 mois après l’agnelage, un fourrage concentré en énergie et protéines : fétuque des près, ray-grass anglais, trèfle blanc, lotier, regain de dactyle, plantes de cultures dérobées, ray-grass d’Italie feuillu, colza, navette, navet fourrager, chou. Le restant de l’année, ces mêmes espèces conviennent également tout comme la fétuque élevée à feuilles souples, le dactyle, le trèfle incarnat.
Par ailleurs, le ressemis de prairie est un moyen d’assainir la prairie des divers parasites. En effet, naturellement, le mouton est un « migrant » cherchant sans cesse des « terrains vierges ». Dans des conditions classiques où les moutons stagnent dans la même parcelle, le risque de parasitisme est élevé. La rénovation avec ou sans labour et l’alternance fauche-pâture sont des moyens pour réduire le risque parasitaire. Un ressemis de printemps amène un fourrage de très bonne qualité, constitué uniquement de feuilles, qui conviennent très bien au « flushing », et peut permettre d’économiser le concentré distribué au moment de la lutte. La diversité des plantes fourragères et la connaissance de leur biologie sont les premiers atouts pour réduire le coût alimentaire et avoir des animaux en bonne santé.
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