Brins d'herbe

Diploïde ou tetraploïde ?

Le choix de la variété de ray-grass est crucial pour la performance d'un élevage. Un critère déterminant est la ploïdie, c'est-à-dire le nombre de jeux de chromosomes par cellule. Les variétés diploïdes, à deux jeux de chromosomes, sont les plus courantes dans la nature. Les variétés tétraploïdes, obtenues grâce à la colchicine, en possèdent quatre.

Bruno Osson

Bruno Osson

Semae

Expert fourragères

RGI (ray grass italien) + Trèfle en dérobé, fourrage, herbe

Dans les publications des caractéristiques des variétés, l’on voit apparaitre les termes diploïdes ou tétraploïde. Ceci concerne notamment les ray-grass anglais, les ray-grass hybrides, les ray-grass italiens et les trèfles violets. Ce critère est important lors du choix variétal. Il semble donc opportun d’expliquer la différence entre les deux pour effectuer le bon choix.

Dans la nature, les plantes fourragères sont diploïdes. Cela signifie que les chromosomes vont par paire, comme dans l’espèce humaine ! Un jeu de chromosomes provient de l’ovule et l’autre du pollen. Le ray-grass anglais possède ainsi 7 paires de chromosomes.   

Lors de la croissance des plantes, les cellules végétales se multiplient par le phénomène de la mitose. Les chromosomes se dédoublent, puis les deux jeux s’écartent, la cellule se divise et on retrouve alors deux cellules strictement identiques.

Il y a plusieurs décennies, l’on a découvert, que la colchicine, extraite d’une plante sauvage : la colchique des près, empêchait l’écartement des deux jeux de chromosomes, en fin de mitose. Une cellule à 4N chromosomes  est alors obtenue et plus deux cellules à 2N chromosomes. La plante qui en résulte est alors très différente.

La cellule, qui possède davantage de chromosomes, est plus grande.  Les feuilles sont plus larges, les graines plus grosses. Tout ceci est reconnaissable à l’œil nu. Pour l’éleveur, ces caractéristiques sont intéressantes pour la valeur alimentaire et la digestibilité. La valeur du fourrage est déterminée, quant à elle, par deux types de glucides : les glucides cytoplasmiques (le cœur de la cellule végétale) et les glucides pariétaux (paroi ou enveloppe de la cellule).

Les glucides cytoplasmiques sont riches en sucres, amidon, protides et lipides ce qui les rend très digestibles. Ils sont dégradés en oses dans le rumen par les bactéries amylolytiques.

Les glucides pariétaux (paroi pectocellulosique) sont au nombre de quatre :  la cellulose, l’hémicellulose, la pectine et la lignine. Ces glucides sont moins digestibles et sont dégradés en oses dans le rumen par les bactéries cellulolytiques. Parmi eux la lignine apparait en dernier, avec le vieillissement de la plante et donne la rigidité à la plante, mais n’est nullement dégradée dans le rumen, ni dans le reste du parcours digestif et se retrouve à 100% dans les fèces. D’autre part, la lignine s’incruste dans les autres glucides pariétaux et 1% de cette dernière en plus fait baisser la digestibilité globale de 3,8% (source INRAE).

Les variétés tétraploïdes sont donc naturellement plus digestibles car le cytoplasme est plus important par rapport aux parois. Elles sont aussi plus riches en eau : 2% en plus et sont plus appétentes. Il est toujours démonstratif, lors de visites de micro-parcelles de présentation des différentes variétés, de voir que lorsqu’il y a du gibier, (lapins, lièvre ou chevreuil), celui-ci s’intéresse prioritairement aux variétés tétraploïdes.

Mais leurs feuilles plus larges et lourdes donnent une morphologie différente à la plante : un port de feuilles qui retombe, rendant la plante plus sensible au piétinement, ces feuilles courbées cachent la lumière au pied de la graminée et la plante talle moins, au détriment de la pérennité. Or, faire taller est essentiel car si un ray-grass anglais peut vivre plus de dix ans en bonnes conditions, une talle n’a une pérennité que de 14 à 16 mois.

Les graines de plantes tétraploïdes sont plus grosses, de 25 à 30%. Pour avoir le même peuplement de semis, il faudra donc augmenter la dose de semis de 25 à 30%.

Pour une utilisation en pâturage, Il est intéressant de mélanger une variété diploïde et une tétraploïde. Ainsi, à l’entrée de prairie, à la suite du passage plus fréquent des vaches, le diploïde dominera. Plus loin dans la parcelle, ce sera le tétraploïde, ce qui encouragera les vaches à se déplacer ! Étant donné la différence de PMG (poids de mille graines), il faudra semer environ 60% de tétraploïde et 40 % de diploïde pour avoir 50% de chaque type de plante.  

Connaitre la biologie des végétaux est essentiel pour concevoir au mieux un système fourrager et améliorer la performance technico-économique et environnementale. Les différents sites internet (les noter) de l’interprofession sont à la disposition de tous pour informer sur les espèces et les variétés, et les insérer au mieux dans un contexte.  

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