Brins d'herbe

Essentielle à la bonne conduite du troupeau : la prairie temporaire (témoignage d'éleveur)

Philippe Dru a développé avec passion son exploitation, la Ferme du Petit Pont, à Montreuil-sur-Loir, dans le Maine-et-Loire. Benoit Bruneau vient de le rejoindre. Ils conjuguent leurs efforts pour offrir à leurs 80 vaches allaitantes une alimentation équilibrée. Avec 80 % des prairies en zone inondable, le défi n’est pas toujours facile à relever. Il faut même faire nager un peu les vaches !

Essentielle à la bonne conduite du troupeau : la prairie temporaire (témoignage d'éleveur)

Optimiser l’utilisation des prairies

La majorité des pâtures se situe en zone inondable, sur des terrains sableux, avec quelques limons en bord de rivière. C’est dans ces zones que se situe l’essentiel des 50 hectares de prairies permanentes, dont certains font l’objet de sur-semis. Les prairies temporaires couvrent 40 ha et sont semées avec un mélange élaboré au fil des ans par Philippe Dru. Une belle parcelle sur une terre argilo-calcaire de 3,5 ha fournit une partie du stock de fourrages pour l’hiver avec des rotations luzerne/maïs/blé ou triticale. Une autre parcelle de 5 ha est semée de trèfle violet. « Le problème en bio, c’est l’autonomie en aliments azotés », souligne Philippe Dru. Un accord avec un céréalier voisin permet de répondre à cette problématique : il sème 8 ha de luzerne qui sont récoltés par la Ferme du Petit Pont.

Sur-semis sur îles

Pour la mise à l’herbe, « c’est le Loir qui commande ». Elle peut se faire le 10 février comme le 10 mai, selon le niveau de l’eau dans les prairies ! « Nous mettons d’abord les lots de génisses sur les parties hautes de certaines prairies permanentes, soit une dizaine d’hectares. Concernées par les MAE râle des genêts, ces surfaces ne peuvent pas être fauchées avant le 20 juin. Autant dire que si les génisses ne peuvent pas sortir, nous nous interrogeons sérieusement sur le stock de fourrage », commente Benoit Bruneau. En 2000, Philippe Dru loue deux îles sur le Loir, qui lui permettent de disposer de 20 ha de prairies supplémentaires. « Plus personne ne voulait faire passer les vaches à la nage. Sur l’une des îles, j’ai défriché le terrain et ressemé une base fétuque élevée et trèfle blanc sur 8 hectares. Le trèfle blanc a du mal à rester car la parcelle est parfois inondée. La fétuque élevée, à l’inverse, résiste bien. » Il a renoncé à faire pâturer les vaches sur l’autre île. « C’est le paradis des pêcheurs. Et ils sont incapables de laisser une barrière fermée », explique-t-il. Les 12 ha concernés sont donc dédiés au foin. Il a effectué à l’automne 2011 un sur-semis de fétuque élevée, avec un peu de ray-grass anglais. « Nous sommes passés avec un semoir direct à disques, faute de pouvoir labourer à cause des sangliers. » Le sur-semis n’a pas posé de problème particulier… si ce n’est l’accès à l’île. Le passage du matériel s’effectue à la faveur des écourues, baisses volontaires du niveau de l’eau pour l’entretien des rivières. « En 2012, après un hiver sec et un été très humide, nous n’avons pratiquement pas vu d’herbe. Mais cette année, après un hiver sous l’eau, la fétuque a bien résisté. Nous avons réalisé début juin une première coupe de foin de 4,5 t/ha. On devrait pouvoir en faire une seconde de 1,5 t/ha. »

Un mélange d'espèces dosé par l’expérience

Les prairies temporaires exploitables couvrent 40 hectares. Autant dire qu’elles font l’objet de toutes les attentions. « Elles sont ressemées tous les 3 à 6 ans, selon la qualité de la pâture, la présence de rumex ou de chardons...», précise Philippe Dru. Il met souvent à profit l’année avant le ressemis pour implanter un maïs ou un sorgho. Pour son mélange de fourragères, après avoir réalisé de nombreux essais, ses choix sont maintenant bien arrêtés. « La base, c’est la fétuque. Je mets toujours un peu de RGA, bien que ce soit un peu trop humide. Puis du trèfle hybride, pour faire monter le tonnage, du trèfle blanc, qui tapisse bien le sol et évite la concurrence des autres herbes. J’ajoute un peu de pâturin, pour boucher les trous et occuper le terrain. Mais il ne faut pas en attendre de rendement… Enfin, je termine avec du lotier corniculé. En août, tout est jaune sauf le lotier ! C’est bon pour le moral, plus que pour le tonnage », précise Philippe Dru.

« La priorité est donnée au pâturage. Dès qu’il y en a trop, on fauche », résume Benoit Bruneau. Les tonnages concernés varient sensiblement d’une année sur l’autre. « Cette année, tout a poussé d’un coup. Nous avons déjà récolté entre 20 et 30 tonnes. » Benoit Bruneau estime la production totale de ces prairies entre 6 et 7 tonnes/ha. Et entend bien évaluer avec plus de précision à l’issue de l’année en cours, grâce à un calcul des périodes de pâturage et du chargement.

Les prairies temporaires, la clé du système fourrager

Ce sont les vaches en pleine production qui vont bénéficier d’une manière prioritaire des prairies temporaires. Quant aux génisses de 7 à 15 mois, elles vont avoir un régime de faveur, avec du foin de luzerne. « De quoi leur assurer une belle courbe de croissance, de l’ordre de 500 g par jour. »

Gérer un stock de sécurité

Les quantités et qualités récoltées fluctuent sensiblement d’une année à l’autre.
Sur 2013 la Ferme du Petit Pont compte sur :

  • 3,5 ha de maïs, soit 50 T de MS
  • 8 ha de luzerne et 5 ha de trèfle violet, soit 120 T de MS. La luzerne représente 80 T de MS et le trèfle violet, en première année d’exploitation 40 T de MS. Un tonnage qui devrait passer ensuite à 60/70 T de MS.
  • Quelques céréales (triticale, pois protéagineux en dérobé), soit 6 T de MS
  • 50 ha de prairies permanentes, soit 50 T de MS, déjà récoltées en juin, de belle qualité ; autant devrait être à nouveau fauché. La récolte totale peut atteindre 200 T de MS, mais d’une qualité moindre.
  • 40 ha de prairies temporaires multi-espèces. Rendement moyen estimé entre 6 et 7 T de MS/ha. 20 à 30 T de MS de coupe devant pâturage étaient déjà récoltées mi-juin.
     

Philippe Dru a développé la vente de viande bio en circuits courts, pour accompagner l’installation de son associé. 5 à 6 veaux et une douzaine de vaches sont vendus annuellement auprès de 230 clients. « Nous arrivons à les valoriser à 5,50 euros au kilo. Les ventes en gros à notre coopérative se font à l’inverse à 4,77 euros/kilo seulement. »

Benoit Bruneau a commencé un stage de parrainage en septembre 2011. Lequel s’est avéré concluant puisque moins de deux ans plus tard, il est, à 29 ans, associé à 50 % dans l’EARL Dru et Bruneau.

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