La rénovation par semis sans labour
La destruction de la prairie
Elle est effectuée par un désherbage total. En fonction des conditions pédo-climatiques trois orientations sont possibles :
a) Semis direct de printemps
Le semis direct est réalisé avec un semoir spécialisé après traitement herbicide total. La prairie est désherbée au moins une semaine avant le semis avec un herbicide non rémanent (glyphosate), en fin d'hiver lorsque le sol est réchauffé ou en cours de saison, après un pâturage ou une fauche.
C'est au printemps que les conditions de réussite sont réunies (sol humide, risques de sécheresse limités). Cette technique donne de bons résultats en sols pauvres en matières organiques (moins de 3 %).
b) Semis d'été
Dans les zones à climat contrasté, sec en été et très humide en hiver, la réussite du semis de printemps est aléatoire et la diminution de production importante.
Le désherbage en juin-juillet est suivi si nécessaire par un désherbage complémentaire, voire un brûlage en août. On sème à partir de mi-août avec un semoir spécialisé ou, après un travail superficiel, avec un semoir normal. Cette méthode est bien adaptée aux sols humides à condition que la pluviométrie soit abondante en fin d'été.
c) Semis de printemps après désherbage d'automne ou "rénovation par les lombrics"
Lorsque le taux de matière organique est élevé (+ de 3 %) et le sol argileux, la réussite du semis direct en cours de saison est aléatoire.
Un traitement herbicide avant l'hiver, réalisé en octobre - novembre avec du glyphosate, permet de détruire toute la végétation.
Le semis est réalisé soit avec un semoir spécialisé, soit avec un semoir classique précédé d'un travail superficiel rapide. En effet le “travail” des lombrics au cours de l'hiver a transformé et incorporé au sol la matière organique, réalisant un “pseudo-labour” qui rend moins nécessaire le recours au semoir spécialisé.
Dans le cas de sols très riches en matière organique (+ de 6 %), une culture intercalaire de maïs, par exemple valorise l'excès de matières organiques et facilite l'implantation de la prairie en semis direct après la récolte précoce du maïs.
La destruction de la prairie est effectuée sans désherbant chimique
En cours de saison, la végétation peut être détruite par un passage de rotavator, suivi d'un semis au semoir traditionnel. Les résultats sont aléatoires, en particulier sur les sols contenant plus de 3% de matière organique.
Sur les sols non labourables, peu profonds, pierreux, riches en matières organiques et présentant des débris végétaux en surface, l'utilisation d'un rotavator inversé muni d'une grille (Rotadairon, MGM,...) permet, sur sol très bien ressuyé, de réaliser un lit de semence parfait en un seul passage. Ce type de matériel, utilisé pour l'installation des terrains de golf et pelouses, commence à être commercialisé en agriculture.
Avantages :
Ces méthodes permettent de rénover pratiquement toutes les parcelles, en particulier celles inaccessibles aux travaux habituels du sol (terrains trop humides, rocailleux ou très accidentés) ou pour lesquels le labour n'est pas souhaitable.
Elles sont plus rapides et souvent moins coûteuses que le semis après labour.
La bonne terre reste au-dessus, ainsi que les réserves organiques et les fertilisants...
La structure du sol est préservée et même améliorée par l'activité des lombrics dans le cas du semis de printemps après désherbage à l'automne.
L'érosion est moindre, et la "portance" est maintenue.
Inconvénients :
L'utilisation du semoir pour semis direct est coûteuse (investissement important, nécessité d'être en CUMA ou d'avoir recours à une entreprise). Mais ce matériel n'est vraiment indispensable qu'en semis direct de printemps.
Ces méthodes sont inadaptées en cas de sol compacté, ou si la pelisse est importante (sauf dans le cas de désherbage avant l'hiver).
Les semences sont moins faciles à cacher, et à tasser (risques en cas de sécheresse)...
La minéralisation de la matière organique est d'autant plus faible que le sol est peu travaillé ; veillez donc à la bonne alimentation minérale du jeune semis.
Initié en 2019, le projet PraiGly, avait pour objectif d'évaluer la faisabilité et les coûts de méthodes alternatives au glyphosate et au labour pour détruire les prairies.
Quelles espèces semer ?
Selon les situations on aura intérêt à choisir l'espèce la mieux adaptée parmi les graminées pérennes les plus utilisées :
Le Ray-grass anglais :
Il s'implante très rapidement dans tous les sols, sa valeur fourragère est excellente et il est très apprécié des animaux. Il produit peu en période de sécheresse (mais résiste bien) et craint les fortes chaleurs.
Il est particulièrement bien adapté au semis direct.
Il convient bien au pâturage.
Le Dactyle :
Bien adapté aux zones séchantes il reste bien vert en été. Il redoute les excès d'eau et s'implante lentement.
Il monte très vite au printemps : on a souvent intérêt à réaliser la première exploitation en fauche.
La Fétuque élevée :
A condition de bénéficier d'un sol profond, elle est capable de résister aussi bien aux fortes sécheresses qu'aux excès d'eau. Elle s'installe lentement mais couvre bien le sol.
Parmi les légumineuses (?) on retiendra surtout :
Le Trèfle blanc :
Il peut être introduit dans les prairies constituées essentiellement de bonnes graminées pour améliorer la valeur alimentaire et réduire le coût de la fertilisation azotée. Il est très résistant au froid mais supporte mal la sécheresse et se maintient difficilement sur les sols sensibles au piétinement ou carencés en potasse et en phosphore.
Le Lotier corniculé :
Particulièrement adapté aux sols peu profonds, secs et calcaires, il s'installe lentement sur tous les sols sans excès d'humidité. Résistant au froid et à la sécheresse il peut constituer un fourrage à lui seul car il ne météorise pas.
Dans le cas de semis direct, la dose de semis pourra être augmentée de 20 % par rapport à la normale.