Le dactyle

La valeur sûre des zones sèches

Le dactyle fournit à bon compte, et même en conditions séchantes, des pâturages ou des réserves de très bonne valeur alimentaire car c'est la graminée fourragère la plus riche en protéines.
Le dactyle est adapté à de nombreux types de sol et de climat. Il se comporte remarquablement en conditions de sécheresse. II résiste également bien au froid et à une couverture neigeuse. Par contre, le dactyle supporte mal les inondations et les terrains trop humides.

Son système radiculaire très puissant va chercher l'humidité à grande profondeur, ce qui lui permet de pousser en période sèche. Il profite également des moindres pluies d'orage de l'été grâce à son système racinaire très dense dans les 20-30 premiers centimètres du sol. Ainsi il reste vert quand les prairies permanentes sont, pour la plupart, transformées en paillasson.

Le dactyle produit également des repousses abondantes en automne, repousses qui permettent d'allonger le pâturage des animaux et donc de produire du lait ou de la viande de façon très économique.

Une espèce sur laquelle on peut compter longtemps

Après la fétuque élevée, le dactyle est l'espèce fourragère prairiale qui dure le plus longtemps. Une prairie de dactyle peut produire pendant 4 à 8 ans, même en conditions difficiles, si elle a été bien conduite.

Quand semer ?

Semis de printemps
Semez le plus tôt possible dès que les conditions climatiques et de portance du sol le permettent (février - mars en général). Avant les dates indiquées ci-contre, les chances de réussite des semis sont maximales.

Au printemps, les semis doivent être effectués suffisamment tôt pour qu'en cas de sécheresse précoce les jeunes plantules soient déjà bien enracinées. Dans les zones craignant la sécheresse, les semis de fin d'été sont plus sûrs.

 
Semis de fin d'été
Pour les semis d'été, semez le plus tôt possible après le début août, dès les premières pluies. Avant les dates indiquées ci-contre, les chances de réussite des semis sont maximales.

En fin d'été, il faut semer aussi tôt que possible de façon à permettre au dactyle d'atteindre le stade début tallage avant les premiers froids. En effet, si le dactyle une fois installé résiste bien au froid, il y est sensible à l'implantation, entre les stades levée et tallage. Il est donc souvent préférable de semer avant le début du mois de septembre.

Comment semer ?

Les semences (le dactyle étant de petite taille (I gramme de semence contient entre 700 et 1000 grains) et de germination lente, il est important de semer en surface à 1 ou 2 cm de profondeur maximum, dans une terre bien émiettée, et de « rappuyer » ensuite le sol au cultipacker.

Pour les mêmes raisons, le dactyle est sensible à la concurrence des mauvaises herbes à l'implantation. Il faut donc être vigilant et intervenir rapidement si les mauvaises herbes se développent. Cette intervention peut consister en une fauche de nettoyage, en un pâturage court mais intense (si la portance du sol le permet) ou en un désherbage chimique.
De nombreux produits de désherbage peuvent être utilisés dès le stade 3-4 feuilles du dactyle.

 A quelle dose semer ?

En culture pure, la dose en dactyle est de 15 à 20 kg/ha.
Dans le cas d'une association avec la luzerne, on sèmera 10 à 12 kg de dactyle (variété tardive ou très tardive) pour 10 à 15 kg de luzerne par hectare.

Au printemps, le dactyle commence à pousser fin mars-avril selon les régions et les variétés. Il épie ensuite entre la fin avril et la fin mai selon la précocité d'épiaison des variétés. L'intervalle de temps disponible pour le pâturage peut donc être très court.

Si on désire faire pâturer la 1ère pousse de printemps, il est préférable de choisir des variétés tardives ou très tardives. Les animaux peuvent rentrer dans les parcelles dès que l'herbe atteint 15 à 20 cm (feuilles relevées) et sont retirés lorsque le dactyle commence à épier. La montaison devient alors très rapide, la qualité de l'herbe se dégrade rapidement et les refus deviennent importants.

Pour la fauche, au printemps, une exploitation juste avant l'apparition des premiers épis permet d'obtenir une quantité importante de fourrage très riche en azote et de très bonne qualité. Cette fauche éliminera les épis ; les repousses seront par la suite uniquement feuillues et mieux adaptées à la pâture.
Ces repousses doivent être exploitées toutes les 5 à 6 semaines. Après chaque exploitation et même en été, le dactyle valorise très bien des apports d'azote importants. C'est une des espèces prairiales les plus productives.

Un fourrage de bonne valeur alimentaire, très riche en protéines

Le dactyle est la graminée fourragère la plus riche en protéines. Quand il est exploité au bon stade, c'est-à-dire avant que les épis n'apparaissent au printemps et assez rapidement pour les repousses, il possède une très bonne valeur alimentaire, comme le montre le tableau ci-dessous.

Les rations à base de dactyle permettent des productions de lait ou de viande intéressantes.

Tableau de la valeur nutritive du dactyle à différents stades (source INRA)
 

(1) Ensilage réussi, réalisé ave un dactyle fauché dès l'apparition des épis, coupé en brins courts et sasn conservateur

(2) Dactyle fauché et fané au sol par beau temps

Le dactyle :
seul ou associé à la luzerne ?
L'association du dactyle avec une luzerne présente des intérêts et des contraintes qu'il faut connaître avant de la mettre en place :

• la luzerne et le dactyle s'associent facilement : leurs cycles de pousse et leurs stades d'exploitation s'accordent bien, notamment quand le dactyle est d'épiaison tardive,
• la production de la prairie est mieux répartie sur l'année : au début du printemps, le dactyle fournit la plus forte part du rendement, alors qu'en été la luzerne prend le relais,
• la luzerne fixe l'azote de l'air grâce aux nodosités sur ses racines, et une partie de cet azote est récupérée par le dactyle, ce qui représente une économie d'engrais appréciable,
• par rapport à un dactyle seul, l'association avec une luzerne permet d'obtenir des rendements plus réguliers d'une année sur l'autre et d'obtenir un fourrage plus appétent, de valeur alimentaire plus stable et moins perturbée par la chute rapide de qualité du dactyle,
• la présence de luzerne rend le pâturage plus difficile à maîtriser, compte tenu des risques de météorisation,
• l'installation et le désherbage de l'association sont plus délicats que pour une culture pure.

Les principaux critères de choix des variétés

Plusieurs critères permettent de choisir les variétés de dactyle les mieux appropriées à chaque utilisation et à chaque région. Ces critères sont mentionnés dans les tableaux variétaux fournis par les différents organismes techniques ou par la presse agricole.

 La résistance aux maladies

L'impact des maladies sur le rendement et la qualité des fourrages est important. L'utilisation de variétés résistantes est le seul moyen de lutter contre le développement de maladies comme la rouille par exemple.
Cela permet :

• de produire une herbe plus appétente et mieux valorisée par les animaux, les feuilles malades ayant une très mauvaise valeur alimentaire et étant peu digestibles,
• d'avoir des parcelles plus productives à l'automne et au début du printemps,
• d'allonger la durée de vies des prairies.
   

La souplesse d'exploitation

La souplesse d'exploitation correspond à la durée de la période séparant la date de démarrage en végétation de la date de début épiaison, c'est-à-dire la période où il est possible de faire pâturer la première pousse par les animaux.

La connaissance de ce critère permet à chaque éleveur de connaître le nombre de jours dont il dispose pour pouvoir s'organiser et exploiter de l'herbe de qualité au printemps. Des écarts de plus de 10 jours existent entre variétés de dactyle.

La précocité d'épiaison

Il s'agit de la date ou période à laquelle les premiers épis (panicules) sont visibles (10 épis visibles au mètre linéaire). Ce stade est important à connaître, puisque c'est à partir de celui-ci que la qualité du dactyle, comme celle des autres graminées, décroît très rapidement. Selon les variétés, les dactyles atteignent le stade début épiaison entre début mai et mi-mai.

Remarque : plus le climat est continental et moins les écarts entre variétés tardives et précoces sont importants.

 
La répartition du rendement entre le printemps et l'été/automne

Le gros de la production des graminées fourragères se fait au printemps. Toutefois, la sélection a permis d'améliorer, sur dactyle, la répartition de la production, en améliorant la production d'été/autonmnc. De ce fait, il est permis de bénéficier au maximum de la capacité du dactyle à produire à cette période, en complément d'autres prairies moins productives.