Brins d'herbe

Le maintien des prairies et de l’élevage est essentiel pour l’environnement

En régulant le cycle de l'eau et de l'azote, en séquestrant du carbone et en abritant une riche biodiversité, les prairies jouent un rôle essentiel dans la préservation de nos écosystèmes. L'élevage extensif sur prairies contribue à maintenir ces écosystèmes fragiles et à produire des aliments sains et de qualité.

Bruno Osson

Bruno Osson

Semae

Expert fourragères

Normande au pâturage à Mauron

Les surfaces en herbe représentent, en France, la moitié de la surface agricole soit environ 13 millions d’hectares. Ces dernières sont capables de produire, grâce à l’élevage, des protéines nobles, indispensables à la santé humaine, même dans des milieux de moindre valeur agronomiques. Outre l’aspect ressource alimentaire, via les herbivores et le travail des éleveurs, les prairies jouent un rôle essentiel dans l’environnement, concernant notamment : l’eau, l’azote, le carbone et la biodiversité.


Eau et azote 

La qualité de l’eau se mesure surtout par sa teneur en nitrates. La nitrification, due à l’activité biologique du sol, est normale et fait partie du cycle de la nature.  Elle est essentiellement liée à la température et à l’aération du sol. Elle démarre au printemps et ne cesse qu’à l’automne, comme l’herbe ! Il est donc important que la végétation soit active durant cette production d’azote afin de la valoriser et d’éviter une déperdition. Il convient donc que l’herbe soit exploitée de façon soutenue. En effet, lorsqu’une prairie est sous exploitée, voire en friche avec une floraison et une grenaison des graminées, la plante entre dans une pseudo dormance. La prairie donne l’apparence d’un paillage inerte alors que la vie du sol ne s’arrête pas. L’azote, issue de la minéralisation, n’est pas consommée par la végétation et risque d’être lessivée. Une prairie sous exploitée et malmenée peut polluer infiniment plus qu’une prairie qui reçoit une fertilisation azotée soutenue. Que l’on soit en agriculture conventionnelle ou en biologique, il est donc nécessaire d’avoir une végétation active et poussante. Si l’été, la chaleur et la sécheresse freinent l’activité des plantes, l’azote continue d’être produit, sans être consommée, mais ne sera pas lessivée, et ainsi disponible dès le retour de la pluie et de température plus clémente. Cela a été le cas à l’automne 2022 où la pousse de l’herbe a été extraordinaire.

La migration de l’eau présente deux caractéristiques : les eaux pluviales pénètrent dans le sol et lorsque celui-ci est saturé, il progresse rapidement en surface si l’eau est chargée d’éléments tels des limons. La prairie joue donc un rôle essentiel de tampon de l’eau et d’épurateur face à l’érosion.


Carbone 

La prairie par le renouvellement permanent de son système racinaire, les pertes de feuilles par senescence et l’émiettement lors de la fenaison, accumule et enrichit le sol en matière organique. Le carbone séquestré représente 500 kg à 1 tonne par hectare et par an. Une vache éructe environ 80 kg de carbone soit 86 kg de CH4 ou l’équivalent de 2200kg de C02. Le bilan est donc très favorable en faveur du maintien de l’élevage. D’autre part si l’herbe est de qualité, riche en glucides cytoplasmiques par rapport aux glucides pariétaux, la flore du rumen sera davantage orientée vers les bactéries amylolytiques plutôt que vers une flore cellulolytique qui est 8 à 10 fois méthanogène.

 

Biodiversité 

La prairie exploitée de façon intensive, fréquente et rase héberge la plus grande biodiversité animale et végétale, en fertilisation soutenue conventionnelle ou bien en agriculture biologique.  A l’inverse, laisser une végétation haute réduit le nombre d’espèces prairiales à celles plus agressives comme la houlque laineuse. D’autre part, le maintien de surface prairiale entraine souvent celui des arbres et de haies qui jouent un rôle essentiel pour le confort des animaux et des plantes herbacées lors d’épisodes caniculaires. Néanmoins, lors de périodes climatiques normales, les haies et les arbres font concurrence à l’herbe.

Pour que ces fonctions agri environnementales soient optimums, il faut la présence de plantes actives tout au long de la saison. Les comportements des plantes variant selon les espèces, la saison, les conditions climatiques, il est judicieux d’observer les flores, leur activité, et parfois d’introduire des espèces qui seront complémentaires des plantes déjà présentes par le sursemis. En cas de ressemis total de la parcelle, l’usage de mélange se généralise aujourd’hui, effaçant l’usage des espèces pures. La conception du mélange doit alors se faire en tenant compte de l’objectif d’usage de la parcelle, du type de sol par rapport à l’eau (humide ou sain l’hiver, frais ou séchant l’été) et en misant sur la complémentarité des espèces entre elles. Cette complémentarité concerne la saisonnalité, l’adaptation au froid et à la chaleur, ou encore le manque d’eau. Il est donc essentiel de connaitre la biologie de chacune de ces espèces. Les sites www.semae-pedagogie.org et https://afpf-asso.fr sont à la disposition de tous pour toute information technique. 

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