Le Ray-Grass Anglais
La plante de pâturage des régions océaniques
Le ray-grass anglais, pur ou associé à du trèfle blanc, est une des graminées fourragères les plus utilisées en France. Facile d'implantation et d'une excellente valeur alimentaire, le ray-grass anglais est la graminée à privilégier dans les zones à pluviométrie régulière.
Une part importante de ses surfaces concerne la Bretagne et la Basse-Normandie, deux grandes régions d'élevage où les températures sont douces et où la pluviométrie est régulière. D'ailleurs, le ray-grass anglais pousse à l'état naturel dans les prairies permanentes de nombreuses régions humides.
PÉRENNITÉ : 4 ans et plus
SEMIS : diploïde : 20 à 25 Kg/ha
tétraploïde : 25 à 30 Kg/h
VITESSE D'IMPLANTATION : rapide
CRITÈRES DE CHOIX DES VARIÉTÉS :
○ précocité d'épiaison,
○ ploïdie,
○ résistance aux maladies,
○ rendement et répartition du rendement,
○ souplesse d'exploitation,
○ remontaison,
○ démarrage en végétation
VALEUR ALIMENTAIRE :
fourrage vert 1er cycle, 1 semaine avant début épiaison, en g/kg MS
○ MS : 157
○ MAT : 155
○ MAD : 109
○ UFL : 0,98
○ UFV : 0,94
○ PDIN : 97
○ PDIE : 94
INTÉRÊTS DE L'ESPÈCE :
○ implantation rapide et facile,
○ bonne valeur alimentaire,
○ bonne résistance au piétinement,
○ assez tolérant aux excès d'eau,
○ souple d'exploitation et très appètent,
○ association avec le trèfle blanc pour permettre d'étaler la production d'herbe en été et de maintenir un stock sur pied assez longtemps
LIMITES DE L'ESPÈCE :
○ pérennité variable suivant la sécheresse et le type de sol,
○ production stoppée à partir de 25 °C,
○ mal adapté à la fauche et au séchage,
○ démarrage en végétation généralement moins précoce que les autres graminées
Qu'est ce que le Ray Grass Anglais ?
Le ray-grass anglais, pur ou associé à du trèfle blanc, est une des graminées fourragères les plus utilisées en France. C’est la plante de pâturage par excellence des régions océaniques.
Cette espèce est majoritairement utilisée dans l’ouest de la France comme en Bretagne et Basse-Normandie, deux grandes régions d’élevage où les températures douces et la pluviométrie régulière lui permettent d’exprimer pleinement son potentiel. Le ray-grass anglais pousse à l’état naturel dans les prairies permanentes de nombreuses régions humides.
Son implantation
Une installation facile et une bonne pérennité
Le ray-grass anglais est une des graminées fourragères la plus simple à installer. Sa rapidité de germination et de développement ainsi que sa forte capacité de tallage permettent un démarrage vigoureux qui limite les risques de concurrence par les adventices. Il tolère une préparation du sol assez sommaire, voire un semis direct.
En conditions favorables, il peut produire entre 4 et 8 ans et son puissant système racinaire favorise une bonne structure du sol.
Nombre de jours pour l'installation du RGA | Semis >> Levée | Levée >> 1ère talle | Semis >>1ère talle |
12 - 15 jours | 28 - 35 jours | 40 - 50 jours |
Semis de printemps ou semis de fin d’été ?
D’une manière générale, on aura tendance à privilégier les semis de fin d’été. Le sol est réchauffé, la nature moins concurrentielle et les probabilités de pluviométrie sont plus importantes qu’au printemps. Dans les sols très hydromorphes voire inondés, il faudra s’orienter sur les semis de printemps.
Dans tous les cas, le ray-grass anglais qui est particulièrement adapté aux régions à climat humide et tempéré possède des capacités d’adaptation qui permettent des semis tardifs, aussi bien au printemps qu’en automne.
Semis de printemps
Semer dès que les conditions climatiques et la portance du sol le permettent. Avant les dates indiquées ci-dessus, les chances de réussite sont maximales. Un semis précoce laissera le temps au ray-grass anglais de développer un système racinaire suffisant avant les premières chaleurs.
Semis de fin d’été
Semer le plus tôt possible, dès les premières pluies de fin d’été. Avant les dates indiquées ci-dessus, les chances de réussite sont maximales. Avec un semis précoce, les plantes seront bien installées avant l’hiver favorisant ainsi le redémarrage au printemps suivant.
Pour un semis efficace
Malgré le fait que le ray-grass anglais tolère, au même titre que les ray-grass d'Italie et hybride, une préparation de sol assez sommaire, il faut tout de même confectionner un lit de semences bien émietté et suffisamment rappuyé à l’aide d’un rouleau pour assurer une levée plus rapide et homogène.
Matériel, miser sur la simplicité
Le semis « à la volée » est idéal pour les fourragères afin de garantir une homogénéité du couvert et limiter le salissement entre les rangs. Un semoir en lignes (à céréales) est idéal pour répartir les semences régulièrement sur le sol à condition de relever les éléments semeurs. Il ne faut pas chercher à enterrer les semences lors du semis.
La profondeur idéale de 1 cm sera atteinte avec un passage de rouleau type cultipacker ou un crosskill qui permettra d’assurer un bon contact sol/graine et ainsi de favoriser et d’accélérer la germination et la levée. Le semis direct sans travail du sol est également possible dans de bonnes conditions.
Semer à la bonne dose : ni trop, ni trop peu
En fonction de la ploïdie des variétés de ray-grass anglais, on adaptera la dose de semis. Pour les diploïdes, la dose est de 20 à 25 kg/ha alors que pour les tétraploïdes, la dose est de 25 à 30 kg/ha.
Il faut également moduler la dose en fonction des conditions de semis. Lorsqu’elles sont idéales, le chiffre inférieur de la fourchette est suffisant. Une dose de semis trop faible peut engendrer des espaces vides et donc le salissement. A l’inverse, une densité trop élevée augmentera la concurrence entre les jeunes plantes et limitera le tallage.
Les astuces pour les semis d’associations
En cas de semis d’une association ray-grass anglais et trèfle blanc par exemple, il faut impérativement un lit de semences fin et bien rappuyé. Il est possible alors d’envisager un semis en 1 ou 2 passages.
- Un seul passage : dans ce cas, il est conseillé de remuer régulièrement les semences dans le semoir ou de ne verser que de faibles quantités du mélange pour éviter que la légumineuse, plus dense, se retrouve rapidement au fond du semoir.
- Deux passages : Il est possible de commencer à semer la graminée classiquement puis faire un deuxième passage pour la légumineuse à l’aide d’un distributeur à anti-limace par exemple. Sinon, il s’agit tout simplement de semer la graminée en commençant d’un coté de la parcelle et de semer la légumineuse en commençant de l’autre coté. Les parcelles étant rarement rectangulaires, les rangs se chevaucheront légèrement assurant une bonne répartition.
Comment l'exploiter
La référence pour le pâturage
Le ray-grass anglais, particulièrement adapté au climat océanique et aux terres fraîches, offre un fourrage d’une excellente valeur alimentaire. C’est dans ces conditions qu’il est productif et qu’il dure le plus longtemps. Grâce à son puissant système racinaire et à ses très nombreuses talles au ras du sol, il supporte des chargements élevés d’animaux à l’hectare ce qui en fait une espèce particulièrement adaptée pour le pâturage. A moins d’un surpâturage extrême, le ray-grass anglais repart toujours après le passage des animaux.
Un pâturage précoce est possible
Au printemps, le ray-grass anglais peut être pâturé tôt dès que le stade « départ en végétation » est atteint. Selon les régions et les variétés, c’est entre la fin du mois de mars et le début du mois d’avril.
Le démarrage en végétation est initié sous deux conditions : lorsque le zéro de végétation de la plante est dépassé et lorsque la somme des températures, depuis le 1er janvier, a atteint un certain seuil qui est variable selon les espèces.
Températures nécessaires pour atteindre le stade « départ en végétation »
Zéro de végétation | Somme de températures pour variétés précoces | Somme de températures pour variétés tardives |
4 à 7°C | 440°C (17 mars environ pour le centre ouest) | 650 °C (10 avril environ pour le centre ouest) |
Outre le fait d’offrir du fourrage tôt en saison aux animaux, un pâturage rapide précoce, appelé aussi déprimage aura pour effet de multiplier le nombre de talles en favorisant l’accès à la lumière au pied des plantes.
Les cycles de 28 jours sont un bon compromis
D’une manière générale, il est préférable de faire pâturer tôt pour avoir de l’herbe de meilleure qualité. Il existe un moyen de repère simple : la botte ! Le stade idéal pour faire pâturer du ray-grass anglais est atteint quand l’herbe arrive à la cheville et recouvre la botte.
Quoi qu'il en soit, l’apparition des premiers épis indique qu’il faut retirer les animaux de la parcelle car l’appétence va diminuer ainsi que la valeur alimentaire. Les variétés caractérisées par une grande souplesse d’exploitation permettent donc de bénéficier de plus de temps pour organiser le calendrier de pâturage.
De plus, les tiges du ray-grass anglais durcissent assez lentement ce qui permet de maintenir un stock d’herbe sur pied à faire pâturer à un stade un peu plus avancé que le dactyle ou la fétuque élevée. Cependant, des cycles de pâturage de 28 jours sont un bon compromis pour allier rendement et qualité.
La fauche est possible
Si les premiers épis apparaissent et que le pâturage n’est pas envisagé, c’est au stade «début épiaison» qu’il est fortement conseillé de faucher le ray-grass anglais pour l’ensiler ou faire du foin. Bien que sélectionné pour une utilisation en pâturage, le ray-grass anglais peut être fauché à condition de privilégier des variétés diploïdes moins riches en eau. Également, les variétés précoces ont généralement un port plus dressé qui les rendent plus faciles à faucher.
Les précautions estivales
Le ray-grass anglais ralentit sa croissance à partir de 20 °C et ne pousse pratiquement plus au-delà de 25 °C. Il ne meurt pas pour autant mais il entre en dormance estivale. Il préserve alors son énergie pour redémarrer lorsque les conditions sont plus favorables, dès que la fraicheur et l’humidité reviennent.
Dans ces conditions et pour faciliter le redémarrage de fin d’été, il est impératif d’éviter la surexploitation pour épargner les réserves de la plante qui sont stockées dans la base des tiges.
Les variétés les plus résistantes à la rouille permettent d’exploiter l’herbe plus longtemps au début de l’été et redémarrent plus rapidement au début de l'automne.
L’herbe d’automne est un atout à valoriser
Une fois la période estivale passée, les plantes développent de nouvelles tiges et feuilles très appétentes et de très bonne valeur alimentaire. Le travail de sélection a véritablement amélioré les rendements pour cette période sur les variétés récentes, c’est d’autant plus de fourrage qu’il est possible de valoriser.
Avant l’hiver et les gelées qui vont abimer les feuilles, il est nécessaire de « nettoyer » la parcelle en réalisant un pâturage ou une fauche. Au printemps suivant, les plantes auront ainsi accès à la lumière et à la chaleur rapidement, ce qui favorisera le démarrage.
Le sursemis est envisageable
Le ray-grass anglais est une espèce qui se prête particulièrement bien à la technique du sursemis. La germination et l’installation sont rapides, ce qui en fait l’espèce à privilégier pour mettre en place cette technique de rénovation des pâtures abimées ou vieillissantes. Pour faire face à la flore en place, il est conseillé de conserver les doses classiques de semis.
Associations et mélanges
Ray-grass anglais/trèfle blanc, une association complémentaire
Une association d’une graminée avec une légumineuse présente de nombreux intérêts, aussi bien qualitatifs que quantitatifs.
Prédisposé également au pâturage, le trèfle blanc est particulièrement adapté pour être associé avec le ray-grass anglais. Toutefois, pour conserver un équilibre entre les deux plantes pendant la durée de vie de la prairie, il est nécessaire de bien choisir la variété de trèfle blanc et de ne pas dépasser la dose de 3 kg/ha.
Il existe des types de trèfle blanc plus productifs que d’autres et le choix dépendra principalement de l’agressivité du ray-grass anglais. Cette agressivité est directement liée à la précocité et la ploïdie de la graminée. L’illustration ci-dessous présente les types de trèfle blanc à choisir en fonction de l’agressivité du ray-grass anglais.
De nombreux avantages
- La complémentarité des deux familles permet d’allonger la période de pâturage à la fin du printemps et à l’automne grâce à une production décalée et à la grande stabilité de la valeur alimentaire de la légumineuse.
- La légumineuse contribue également à augmenter le rendement de la prairie.
- La chute de qualité de la prairie en fin de cycle est moins brutale qu’avec du raygrass anglais seul.
- La fixation de l’azote de l’air par les nodosités des légumineuses permet de couvrir en partie ou intégralement les besoins en azote du ray-grass anglais. Les économies d’azote minéral peuvent s’avérer considérables à l’échelle de l’exploitation.
- L’introduction de légumineuses dans les prairies permet de produire des protéines sur l’exploitation contribuant ainsi à augmenter l’autonomie en protéines des élevages.
Les conseils
Le désherbage devient plus délicat du fait de la présence de deux familles, il est donc important de soigner l'implantation.
Une prairie bien équilibrée comportera environ 30 % de trèfle blanc au printemps et 50 % en été. Au-delà de 60 % de trèfle, les risques de météorisation au pâturage sont importants et l’équilibre de la prairie est fragilisé ce qui aura pour incidence de diminuer la productivité de la graminée.
Le trèfle blanc n’apprécie pas l’excès d’humidité
En zone très humide, il est possible de remplacer le trèfle blanc par du trèfle hybride (entre 2 et 4 kg/ha). Il tolère parfaitement l’humidité et présente un intérêt supérieur au trèfle blanc pour la fauche. Il conviendra par contre d’utiliser un ray-grass anglais agressif car le trèfle hybride est plus poussant que le trèfle blanc.
Le ray-grass anglais, espèce de base dans les mélanges
Le ray-grass anglais aura presque toujours sa place dans les mélanges d’espèces. De par son installation rapide, il permet aux espèces plus lentes d’implantation de se développer sans être concurrencées par les adventices.
En fonction des objectifs de production et du type de sol, le ray-grass anglais contribuera plus ou moins à la productivité de la prairie. Les doses de semis seront à moduler en fonction du rôle qui lui est destiné dans le mélange (couvre sol ou production) mais en règle générale, il ne dépassera pas la dose de 12 kg/ha sur les 30 kg/ha maximum qui composent le mélange.
Sa valeur alimentaire
Un fourrage de qualité, équilibré
Le ray-grass anglais est une des graminées fourragères la plus riche en énergie. C’est un fourrage très apprécié des animaux et naturellement équilibré en énergie et en protéine. Le rapport PDIE/UFL proche de 100 sur le premier cycle d’exploitation (cf. tableau ci-dessous) assure un remarquable compromis entre une bonne qualité fourragère pour l’alimentation des vaches laitières et des autres animaux et une maîtrise satisfaisante des rejets azotés. Un fourrage relativement trop riche en PDI augmente en effet les rejets azotés des animaux.
Valeur alimentaire de la fléole des prés (Source INRA)
Première pousse de l'année |
Pousses suivantes |
||||
Fourrage vert, pousse feuillue |
Fourrage vert, début épiaison |
Fourrage ensilé, début épiaison |
1ère repousse feuillue âgée de 6 semaines |
2ème repousse feuillue âgée de 6 semaines |
|
Teneur en UFL (nombre d'Unités Fourragères Lait par kg de MS) |
0,99 | 0,85 | 0,88 | 0,96 | 0,89 |
Teneur en UFV (nombre d'Unités Fourragères Viande par kg de MS) |
0,96 | 0,80 | 0,82 | 0,92 | 0,84 |
Teneur en MAT (Matière Azotée Digestible en g/kg de matière sèche) |
182 | 105 | 113 | 180 | 173 |
Teneur en PDIN (Protéines digestibles dans l'intestin par l'azote en g/kg de MS) |
117 | 67 | 66 | 117 | 112 |
Teneur en PDIE (Protéines digestibles dans l'intestin par l'énergie en g/kg de MS) |
95 | 81 | 56 | 100 | 96 |
Ce contenu vous est proposé grâce à notre partenaire SEMAE