Le Ray-Grass Hybride
Une source de fourrage rapide et abondante
Le ray-grass hybride (lolium hybridum) résulte d'une hybridation entre le ray-grass d'Italie et le ray-grass anglais. Selon les variétés, ses caractéristiques sont plus proches de l'un ou l'autre des parents.
D'une manière générale, le ray-grass hybride présente un comportement comparable au ray-grass d'Italie : il s'installe un peu moins vite mais il dure un peu plus longtemps : jusqu'à trois ans en bonnes conditions.
PÉRENNITÉ : 3 ans
SEMIS : diploïde 20 à 25 kg/ha - tétraploïde 25 à 30 kg/ha
VITESSE D'IMPLANTATION : rapide
CRITÈRES DE CHOIX DES VARIÉTÉS :
○ type (anglais, italien ou strictement intermédiaire) en fonction de l'objectif,
○ résistance aux maladies,
○ souplesse d'exploitation,
○ remontaison,
○ ploïdie
VALEUR ALIMENTAIRE :
fourrage vert 1er cycle, 1 semaine avant début épiaison, en g/kg MS
○ MS : 164
○ MAT : 112
○ MAD : 69
○ UFL : 0,90
○ UFV : 0,85
○ PDIN : 70
○ PDIE : 82
INTÉRÊTS DE L'ESPÈCE :
○ installation facile et rapide
○ production importante pendant deux à trois ans
○ très bonne pousse précoce de printemps
LIMITES DE L'ESPÈCE :
○ sensible à la sécheresse
○ Remontaison plus ou moins importante selon les variétés
Qu'est ce que le Ray Grass Hybride ?
Le ray-grass hybride est une graminée fourragère qui résulte d’un croisement entre un ray-grass anglais et un raygrass d’Italie. En fonction de la combinaison des caractères parentaux, il existe des types très variés qui se prêteront plus ou moins à une utilisation en fauche, en pâturage ou mixte.
Comme ses parents, il est plutôt adapté aux zones climatiques fraîches et humides de type océanique. Cependant, sa pérennité plus importante que le ray-grass d’Italie lui confère une place de choix pour sécuriser les systèmes fourragers grâce à sa production précoce et abondante. Il permet donc, dans de très nombreuses régions, de constituer des stocks importants ou d’offrir un pâturage de qualité avant les épisodes de sécheresse.
Son implantation
L’héritage de la rapidité d’installation
Le ray-grass hybride est, comme ses deux parents, une espèce relativement rapide d’installation. La levée sera légèrement plus lente que celle du ray-grass d’Italie mais un peu plus rapide que le ray-grass anglais. Cette rapidité d’implantation limite la concurrence par les adventices et permet à la plante de tolérer des préparations de sol assez sommaires. Il se prête donc relativement bien à la technique du semis direct.
Nombre de jours pour l'installation du RGH | Semis >> Levée | Levée >> 1ère talle | Semis >>1ère talle |
10 - 12 jours | 21 - 28 jours | 31 - 40 jours |
Choisir entre semis de printemps et de fin d’été
Le ray-grass hybride peut être semé à deux périodes dans l’année, soit au printemps, soit à la fin de l’été. L’objectif est de semer assez tôt pour que les plantes soient bien installées avant les premières gelées ou les premières sécheresses.
Les semis de fin d’été permettent en général de limiter les risques d’échec car la nature est moins concurrentielle à cette époque et la probabilité de précipitations est plus importante. De plus, il est dans ce cas possible de; valoriser la prairie dès le début du printemps suivant.
Un lit de semences bien rappuyé
A peine 40 jours sont nécessaires aux plantes pour fabriquer la première talle en conditions normales. Cette vitesse d’implantation permet donc d’être un peu moins exigeant que d’autres espèces sur la préparation de sol.
Toutefois, pour garantir une levée rapide et homogène, le lit de semences doit être assez fin et bien rappuyé au rouleau. Plus la prairie s'installe rapidement, moins les risques d’échec sont importants.
Les dents de la herse vont enterrer les semences à environ 1 cm.
Utiliser le semoir à céréales
Simplicité est souvent synonyme d’efficacité. Le semoir à céréales est tout à fait recommandé pour semer les prairies car il permet d’assurer une répartition homogène des semences tout en garantissant un dosage précis. Une des techniques consiste à relever les éléments semeurs pour imiter un semis « à la volée ».
La profondeur idéale de 1 cm sera alors à gérer avec les dents de la herse placées à l’arrière du semoir et grâce au passage de rouleau. Ce dernier est indipensable pour garantir un bon contact entre le sol et les semences afin de favoriser l’imbibition et donc la germination.
Dose de semis recommandée
Comme pour les autres ray-grass, les variétés tétraploïdes sont plus lourdes que les variétés diploïdes. Il conviendra alors de majorer la dose de semis pour obtenir un bon peuplement. Il faut prévoir entre 15 à 20 kg/ha pour les variétés diploïdes et 20 à 25 kg/ha pour les tétraploïdes. Pour les semis en association avec une légumineuse la dose sera divisée par deux.
Le sursemis de ray-grass hybride
Pour améliorer la productivité d’une prairie de fauche pendant presque 3 ans, le ray-grass hybride se prête tout à fait au sursemis. Semé à la dose classique, sa rapidité d’implantation lui permettra de faire face à la flore en place.
Comment l'exploiter
Un réveil printanier précoce
Après l’hiver, le ray-grass hybride est l’une des graminées qui démarre le plus rapidement en végétation. Au même titre que le ray-grass d’Italie, il est alors possible d’exploiter le fourrage assez tôt par rapport à d’autres espèces. Certaines variétés de type italien seront en mesure de démarrer une semaine plus tôt que celles des deux autres types botaniques.
Pâturer du ray-grass hybride
Le ray-grass hybride type anglais, avec son port plutôt étalé, son rapport feuilles sur tiges important et son appétence au rendez-vous, est une plante idéale pour le pâturage, d’autant plus qu’en général, les variétés de ce type sont tétraploïdes.
Avec cette catégorie de plante qui démarre tôt en végétation, il est possible de mettre les animaux au pâturage une semaine plus tôt que les ray-grass anglais les plus précoces d'épiaison et un mois si l’on compare aux variétés les plus tardives. Sur sol portant, ce gain peut s’avérer très intéressant à l’échelle d’un troupeau.
Caractéristique très importante de ce type botanique, la remontaison est très faible voire même inférieure à la grande majorité des ray-grass anglais ce qui permettra de faire pâturer une bonne partie de l’année pendant presque trois ans mais sa pousse rapide incite à revenir plus souvent avec les animaux.
Le type intermédiaire est également tout à fait adapté au pâturage mais il conviendra de choisir les variétés les moins remontantes et comportant une bonne souplesse d’exploitation.
Pour les types italiens, le pâturage est bien sûr possible, mais il faudra être exigeant sur le choix de la variété pour privilégier la souplesse d’exploitation au premier cycle et limiter la remontaison ensuite. Les écarts sont très importants sur ce dernier point et dès l’arrivée des épis, la qualité diminue très rapidement.
Il est important de noter que les ray-grass hybrides sont non alternatifs ce qui implique qu'ils ont besoin d'un passage par l'hiver pour épier. En cas de semis de printemps, les plantes vont produire uniquement des feuilles l'année du semis.
Faucher du ray-grass hybride
Le port dressé du ray-grass hybride type italien en fait une plante de fauche de premier ordre pour réaliser ensilage, enrubannage ou foin. Certaines variétés très remontantes permettront de constituer des fourrages riches en fibres lors des différentes coupes de l’année sans toutefois sacrifier la qualité en utilisant des variétés récentes dont le rapport feuilles sur tiges a été amélioré par le travail de sélection.
Les types intermédiaires se prêtent également très bien à la fauche et leur polyvalence permet d’alterner plus facilement les modes d’exploitation. Avec les types anglais, la fauche est possible mais il est nécessaire de récolter à un stade un peu plus avancé pour favoriser l’évaporation de l’eau dans les plantes. L’avantage tout de même de ce type variétal est d’offrir à l’automne des repousses plus riches que le type italien dont les tiges sont plus nombreuses.
Une stratégie pour sécuriser les systèmes fourragers
Le début de l’épiaison qui s’étale du 1er au 15 mai suivant les variétés, peut permettre une première exploitation relativement précoce en fauche. A cette date, la sécheresse n’est généralement pas problématique, ce qui en fait un atout pour le ray-grass hybride pour sécuriser les systèmes fourragers. Assez sensible à la sécheresse, comme ses deux autres parents, il sera plus tolérant le premier été si elle n’est pas excessive. C’est une plante qui réagit assez bien aux premières pluies de fin d’été ce qui permet une exploitation rapide en début d’automne.
Les tétraploïdes, quelle utilisation ?
Les variétés tétraploïdes, riches en eau, sont généralement moins appropriées à la fauche mais cette caractéristique les rendent plus appétentes. L’alternance des modes d’exploitations est facilitée et la part de feuilles dans le fourrage est plus importante ce qui contribue à la qualité.
Pour valoriser au mieux ces variétés tétraploïdes, l’itinéraire technique conseillé est le suivant : déprimage (conséquence = retard à l’épiaison), fauche tardive pour favoriser la teneur en matière sèche puis pâturage ensuite.
Associations et mélanges
Associer le ray-grass hybride avec du trèfle violet
Très agressif et de même pérennité que le raygrass hybride, le trèfle violet s’accordera parfaitement dans les prairies de ray-grass hybride. Cette légumineuse de fauche au port dressé permettra, semée à la dose de 8 à 10 kg/ha pour 1/2 dose de ray-grass hybride, de contribuer largement à la productivité et à la qualité de la prairie.
En revanche, au pâturage, il faut prendre des précautions s’il est trop abondant (supérieur à 50 %) car le trèfle violet est météorisant.
Les bénéfices de l’association
- L’association des deux familles permet d’améliorer la productivité de la prairie car les cycles sont complémentaires.
- La teneur en protéines de la légumineuse permettra de contribuer à l’équilibre de la ration lors des différentes exploitations.
- La chute de qualité de la prairie en fin de cycle est moins brutale.
- Source d’économie, la fixation de l’azote de l’air par les nodosités des légumineuses permet de couvrir en partie les besoins en azote de la graminée.
Le ray-grass hybride dans les mélanges
L’intérêt du ray-grass hybride dans les mélanges de fauche de 3 ans est important car il permet d’assurer un recouvrement rapide du sol tout en fournissant un fourrage productif et de qualité. Pour les mélanges de plus longue durée, le ray-grass hybride a tendance à laisser beaucoup d’espaces vides lorsqu’il disparaît, laissant ainsi la place aux adventices. Pour éviter ce phénomène, il conviendra de limiter sa présence à seulement quelques kilos dans ces mélanges plus pérennes.
Sa valeur alimentaire
Lorsque quantité rime avec qualité
Le ray-grass hybride est au même titre que ses parents, une graminée fourragère de bonne qualité alimentaire. Les valeurs alimentaires du ray-grass hybride sont proches du ray-grass d'Italie (cf tableau). Cependant, étant donné le rapport feuilles sur tiges plus important sur les types anglais, ce type variétal a une meilleure valeur que celles annoncées dans ce tableau.
Valeur alimentaire du ray-grass hybride (RGI non alternatif) à différents stades et selon différentes méthodes de récolte(Source INRA)
Première pousse de l'année |
Pousses suivantes |
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Début montaison (pâturée) |
Début épiaison (Pâturée) |
Début épiaison (ensilée) |
Pleine épiaison (Fanée) |
1ère repousse âgée de 5 semaines (pâturée) |
2ème repousse âgée de 6 semaines (pâturée) |
|
Teneur en UFL (nombre d'Unités Fourragères Lait par kg de MS) |
0,99 | 0,87 | 0,90 | 0,74 | 0,83 | 0,91 |
Teneur en UFV (nombre d'Unités Fourragères Viande par kg de MS) |
0,96 | 0,82 | 0,84 | 0,66 | 0,77 | 0,86 |
Teneur en MAT (Matière Azotée Digestible en g/kg de matière sèche) |
168 | 105 | 111 | 84 | 161 | 156 |
Teneur en PDIN (Protéines digestibles dans l'intestin par l'azote en g/kg de MS) |
108 | 67 | 65 | 54 | 105 | 101 |
Teneur en PDIE (Protéines digestibles dans l'intestin par l'énergie en g/kg de MS) |
94 | 81 | 55 | 75 | 91 | 94 |
Le ray-grass hybride consommé en vert avant la montaison offre un bon potentiel de production laitière, qu’il s’agisse de la première ou des autres repousses. Passé ce stade, la teneur en protéines et la MAT chutent très rapidement et il conviendra de complémenter la ration.
Au pâturage, en foin ou en ensilage, le ray-grass hybride est totalement adapté à toutes productions bovines, ovines, caprines ou équines. Très riche en fibres, le foin séduira particulièrement les équins et les caprins.
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