Le Trèfle Violet
Un fourrage prêt à relever les défis de l'élevage

Légumineuse la plus facile à associer à une graminée, le trèfle violet présente aujourd'hui de nombreux avantages pour les éleveurs qui gagnent à le réintroduire dans leurs systèmes fourragers. En culture pure comme en association, il permet des économies importantes sur les apports d'azote. Il améliore la structure du sol et autorise ultérieurement des économies de fertilisation azotée sur les cultures suivantes. Parce qu'il offre la possibilité du pâturage quand il est associé à une graminée, le trèfle violet participe à la fourniture d'un fourrage de qualité exploité au moindre coût.

PÉRENNITÉ : 2 à 3 ans
SEMIS :
○ diploïde : 15 à 20 Kg/ha
○ tétraploïde : 20 à 25 Kg/ha
○ association : 8 à 10 Kg/ha
VITESSE D'IMPLANTATION : assez rapide
CRITÈRES DE CHOIX DES VARIÉTÉS :
○ résistance aux maladies et à la verse,
○ pérennité,
○ ploïdie
VALEUR ALIMENTAIRE :
fourrage vert 1er cycle, début épiaison, en g/kg MS
○ MS : 153
○ MAT : 166
○ MAD : 119
○ UFL : 0,81
○ UFV : 0,74
○ PDIN : 104
○ PDIE : 87

INTÉRÊTS DE L'ESPÈCE :
○ bonne valeur énergétique et azotée,
○ fertilisation azotée inutile,
○ facile à ensiler pour une légumineuse,
○ résistant au froid,
○ supporte les sols acides,
○ s'associe bien avec le ray-grass hybride
LIMITES DE L'ESPÈCE :
○ pérennité moyenne,
○ sensible à la sécheresse
○ difficile à faner,
○ risque de météorisation au pâturage
Qu'est ce que le trèfle violet ?
L'introduction ou plutôt la réintroduction du trèfle violet dans les systèmes fourragers présente aujourd'hui de nombreux avantages pour les éleveurs.
Des cultures avec moins d'intrants
En pur comme en association avec une graminée, le trèfle violet permet des économies importantes sur les apports d'azote. II améliore la structure du sol et autorise ultérieurement des économies de fertilisation azotée sur les cultures suivantes.
Des associations à pâturer
Parce qu'il offre la possibilité du pâturage quand il est associé à une graminée, le trèfle violet participe à la fourniture d'un fourrage de qualité exploité au moindre coût.
Un bon niveau de production laitière et un maintient du TP : 2 objectifs auxquels le trèfle violet contribue.
Le trèfle violet dans la ration laitière : pour soutenir le taux protéique
Riche en fibres et pauvre en amidon, le trèfle violet permet une complémentation en céréales (blé), ce qui favorise les fermentations propioniques favorables au taux protéique, tout en évitant des déséquilibres métaboliques tels que l'acidose provoquée par un excès d'amidon dans la ration.
Ainsi, dans une ration classique à base de mais ensilage, l'introduction de 30 à 40 % de trèfle violet complémenté en énergie par des céréales permet à la vache laitière d'offrir un bon niveau de production tout en maintenant le TP.
Bien conservé, l'ensilage de trèfle violet offre une meilleure ingestibilité (?) que l'ensilage d'herbe. Grâce à cet avantage, une ration ensilage de maïs + ensilage de trèfle violet permet de corriger la valeur alimentaire d'un maïs pauvre en matière sèche. Il en résulte une augmentation de la production laitière et du TP.
Le trèfle violet pour l'engraissement : des carcasses de meilleure qualité
Alors que la viande blanche et le poisson sont de plus en plus demandés, la viande rouge cherche un second souffle.
La consommation de viande rouge connaît un développement à 2 vitesses :
- la qualité moyenne est délaissée (steak haché et beefsteak de deux catégories provenant de vaches de réforme),
- le haut de gamme est en vogue mais réservé aux jours de fête.
Pour répondre à cette nouvelle demande du consommateur, les éleveurs recherchent comment obtenir une viande moins grasse, qui tient à la cuisson, et de haute valeur gustative. L'introduction du trèfle violet dans la ration va dans ce sens. Par exemple, la finition d'agneaux sur prairie associant trèfle violet et graminée est une solution des plus économiques pour produire des carcasses de qualité.
En production de viande bovine, l'apport de trèfle violet et l'allongement de la période d'engraissement aboutissent à des carcasses plus lourdes et moins grasses, tout en permettant d'économiser sur les concentrés.
Son implantation
A l'implantation, pensez à favoriser la légumineuse et retenez les points suivants :
- Sol finement préparé et retassé,
- Semis superficiel (1 cm),
- Semez beaucoup de trèfle violet (12 à 15 kg/ha pour 8 à 10 kg de graminée),
- Pas d'azote au semis,
- Protégez dès le semis contre les sitones (avec un produit à base de Deltaméthrine), contre les limaces (avec un produit à base de Mercaptodimétur ou de Métaldéhyde) et contre les mauvaises herbes,
- Raisonnez ensuite l'apport d'azote pour stimuler la croissance de la graminée si nécessaire.
En semis d'automne, ou si la graminée choisie est d'espèce agressive (dactyle, fétuque élevée), majorez de 20 à 30 % la dose de trèfle violet. En conditions favorables, c'est la dose de graminée qui peut être réduite.
Fumure de fond
Les doses sont à évaluer en fonction de la richesse du sol :
- Potasse : 200 à 300 unités/ha
- Acide phosphorique : 80 à 100 unités/ha
- Calcium (scories ou Super 18) ou amendement riche en magnésie en sols pauvres.
Un apport d'engrais de fond chaque année contribue à l'équilibre de l'association trèfle violet + graminée.
Le trèfle violet : une tête d'assolement exceptionnelle
L'abondant chevelu racinaire du trèfle violet fissure le sol dans les 30 premiers centimètres, voire 35 centimètres pour les variétés les plus vigoureuses. Même dans les terrains compactés, ce chevelu racinaire crée une aération et un drainage naturel bénéfiques au travail du sol et à la levée des cultures suivantes (maïs, céréales...).
Après le retournement, le trèfle violet restitue au sol de grosses quantités de matière organique mieux répartie en profondeur et plus riche en carbone que celle des graminées. Le trèfle violet peut ainsi restituer jusqu'à 2 tonnes d'humus stable par hectare.
Ainsi le trèfle violet accroît rapidement et durablement l'activité biologique du sol, ce qui améliore les performances des cultures qui suivent dans la rotation. De même, après un trèfle violet, on peut économiser sur la fumure azotée : 30 à 40 unités en première année et encore 20 à 30 unités en deuxième et troisième année.
Comment l'exploiter
Le pâturage
Une prairie en association offre un énorme avantage : pouvoir faire pâturer le troupeau en limitant les risques de météorisation.
Le trèfle violet est une plante dont la teneur en sucres est relativement faible au stade jeune mais cette teneur s'accroît entre le stade "début bourgeonnement" et "début floraison". Avec l'âge, la teneur en fibres de la plante augmente, ce qui favorise l'assimilation des aliments et donc la valorisation du fourrage par l'animal.
C'est à ce stade de "fin bourgeonnement" que le trèfle violet est le plus intéressant à exploiter.
Par conséquent, le trèfle violet ne doit pas être exploité trop jeune, contrairement aux habitudes constatées dans certaines régions.
L'exploitation entre les stades "fin bourgeonnement" et "début floraison" préserve la pérennité du trèfle et améliore la vigueur de repousse. Cependant n'attendez pas l'épiaison de la graminée pour exploiter l'association. Ce stade dépassé, la graminée perd rapidement sa valeur alimentaire et détériore fortement la valeur alimentaire de l'association.
Voici les précautions à prendre avec une pâture à très forte proportion de trèfle violet :
- sol "portant" pour ne pas pénaliser les repousses,
- attendre le stade "fin bourgeonnement",
- distribuer 2 à 3 kg de foin ou de paille par animal avant le départ au champ,
- "lâcher" les animaux après la disparition de la rosée du matin,
- retirer le troupeau de la pâture pendant les journées chaudes ou orageuses,
- éviter le pâturage des jeunes repousses, plus météorisantes.
La récolte en foin
Le trèfle violet est naturellement riche en eau, son fanage est long et les risques de pertes de feuilles sont importantes.
Sa récolte en foin est facilitée quand il est cultivé avec une graminée fourragère. Cette association facilite l'aération des andains et limite considérablement les pertes de feuilles.
La production de foin de qualité n'est plus un problème majeur, et les éleveurs de pointe la privilégient pour constituer des réserves de fibres longues et digestibles, indispensables aux laitières hautes productrices recevant de fortes quantités de concentré.
Lorsque les conditions météorologiques ne permettent pas un fanage complet, la technique de l'enrubannage offre la possibilité de récolter et de conserver sous forme de haylage un foin à 50% de matière sèche environ.
Grâce à cette technique, il est possible de faner dès la première période de beau temps et au bon stade végétatif. Cela garantit un foin de qualité.
La récolte en ensilage
L'ensilage en coupe directe est envisageable mais l'apport d'un conservateur est indispensable à une bonne conservation. Pour retenir les jus, il est conseillé d'incorporer au silo de la pulpe de betterave déshydratée.
L'ensilage après un préfanage de 24 à 36 heures (25 % de MS.) permet d'éviter l'emploi d'un conservateur. Si le temps l'autorise, il est même souhaitable d'attendre 30% de MS pour obtenir un taux d'ingestibilité maximum.
Dans les 2 techniques, il faut cependant noter que l'apport d'un conservateur autorise une meilleure valorisation de l'azote de la ration.
Le trèfle violet : la légumineuse la plus facile à associer à une graminée
Judicieusement choisie en fonction des sols, du climat et du type d'élevage, une association de trèfle violet avec une graminée apporte plusieurs avantages.
Par rapport au trèfle violet pur l'association offre :
- la possibilité de faire pâturer,
- un allongement du cycle de production au printemps et en arrière saison,
- une réduction des pertes de feuilles au fanage,
- une meilleure résistance au piétinement,
- une diminution sensible des risques de météorisation,
- une prairie plus pérenne.
Par rapport aux graminées pures, l'association présente les avantages suivants :
- une diminution importante de la fertilisation azotée,
- une amélioration de l'appétence, de la digestibilité et de l'ingestibilité (?) du fourrage,
- un fourrage plus riche en protéines en période sèche et en fin de printemps.
Quelle graminée associer à du trèfle violet ?
Le ray grass d'Italie ou le ray grass hybride (plus pérenne) s'associent souvent au trèfle violet. Cependant, en fonction du type de sol et du climat, d'autres graminées sont possibles : dactyle, bromes, fléole, ray grass anglais, fétuque élevée.
Même s'il se retrouve en faible proportion quand il est associé à une graminée persistante comme la fétuque élevée ou le dactyle, le trèfle violet continue à améliorer l'appétence et la valeur alimentaire du fourrage obtenu.
Quelle fertilisation azotée pour une association ?
Par rapport à la graminée pure, une association équilibrée (40 à 60% de légumineuse) permet de diminuer de moitié la dose d'azote. Durant toute la vie de la prairie, la fumure azotée permet à l'éleveur de corriger les déséquilibres entre espèces. Par exemple :
- un faible apport en avril mai avantage le trèfle violet,
- un fort apport en mai juin avantage la graminée au détriment du trèfle violet. Attention ! Trop d'azote ferait disparaître la légumineuse. En sol sain, un premier apport d'azote à la sortie de l'hiver est possible sans pénaliser la légumineuse si la première coupe ou la première pâture se fait précocement et sans matraquage du sol. A partir de juillet, sur les associations pâturées, les déjections des animaux suffisent bien souvent.
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