Comment réduire la production de méthane chez les ruminants ?
Les ruminants produisent du méthane lors des fermentations des aliments dans le rumen, contribuant pour 3% environ au réchauffement de la planète. Le méthane est une voie d'élimination de l'hydrogène produit dans le rumen lors de la fermentation des glucides ; sa production constitue une perte d'énergie pour l'animal. Elle peut être limitée si d'autres voies métaboliques ruminales sont sollicitées. Ce texte discute les principaux moyens de réduire la méthanogenèse chez les ruminants, en commençant par les moyens plus spécifiques (additifs) pour ensuite aborder les moyens plus globaux (ration, animal…).
L'effet de multiples additifs a été étudié dans le but de réduire la production de méthane. Ils agissent le plus souvent en réduisant ou inhibant les micro-organismes méthanogènes (antibiotiques, substances chimiques diverses) et/ou en modifiant les orientations métaboliques dans le rumen (acides organiques, peptides, extraits de plantes). Les premiers sont d'une efficacité partielle et présentent des risques de toxicité ou sanitaires ; l'efficacité et/ou l'intérêt économique des seconds restent à confirmer. Diverses tentatives biotechnologiques ont été proposées : sélection des micro-organismes du rumen (par élimination des protozoaires ou par inoculation de souches bactériennes exogènes) et vaccination contre les micro-organismes méthanogènes. Leur efficacité sur le long terme n'est pour l'instant pas démontrée.
Les émissions de méthane sont réduites lorsque les quantités ingérées par l'animal augmentent et lorsqu'il reçoit une alimentation riche en concentré, donc pauvre en parois végétales. L'apport de lipides riches en acides gras polyinsaturés (acide linolénique, présent en particulier dans la graine de lin) réduit significativement la méthanogenèse. Les possibilités d'amélioration génétique ainsi que l'effet de la modification des systèmes d'élevage sont discutés. L'intensification des productions, obtenue en particulier grâce à des animaux à fort potentiel se traduit par une diminution sensible de la production de méthane par unité de produit animal (kg de lait ou de viande). Cette possibilité concrète et immédiate de réduire la méthanogénèse est toutefois en opposition avec la demande sociétale qui va dans le sens d'une agriculture plus extensive pour la qualité de ses produits, l'entretien des territoires et la préservation de l'environnement qu'elle assure.
Journées Professionnelles 2006 Prairies, élevage, consommation d'énergie et gaz à effet de serre
Auteurs
- Doreau M.
- MARTIN C.
- Jouany J.P.
- Morgavi D.