Indices de nutrition en phosphore et potassium de 31 prairies naturelles inondables du Gers : relations avec les teneurs en P et K et le rapport K/Mg du sol
De 2021 à 2023, la Chambre d’Agriculture et l’ADASEA du Gers ont travaillé en partenariat sur la valorisation des prairies naturelles inondables (projet ValoPNI), pour les enjeux territoriaux auxquels elles répondent. Un des volets de ce projet a consisté à mieux connaitre les caractéristiques de ces prairies, traditionnellement fauchées au printemps, en termes de composition botanique, biomasse valorisable en fauche à la première coupe, valeur alimentaire du fourrage et caractéristiques du sol. Les données recueillies sur 31 parcelles en 2022 et 2023 ont permis de calculer les indices de nutrition en P et K (iP et iK) de ces prairies au printemps (vers 1200°Cj depuis le 01/02), et de les mettre en relation avec les résultats d’analyse de sol. Les principales observations sont les suivantes : - Des sols majoritairement argileux ou argilo-limoneux (42% d’argile en moyenne), très basiques (pH entre 7,9 et 8,3). - Des teneurs en P2O5 (méthode Olsen) faibles (14 à 50 mg/kg), et des teneurs en K2O échangeable élevées (94 à 261 mg/kg) - Des teneurs en MgO très élevées (472 mg/kg en moyenne), d’où des rapports K/Mg particulièrement faibles (moins de 0,5 dans 87% des cas). - Des indices iP globalement cohérents avec les teneurs du sol. Insuffisants (<80) pour 52% des parcelles, ce qui est proche de la proportion de sols (63%) avec une teneur en P2O5 (Olsen) inférieure à 30 mg/kg, seuil de renforcement proposé par le COMIFER pour les cultures moyennement exigeantes en P. Cette proportion de sols est de 55% si l’on se réfère à la teneur en P2O5 Joret-Hébert. - Des indices iK déconnectés des teneurs du sol. Alors que 84% des teneurs du sol sont supérieures au seuil d’impasse, 74% des indices iK sont insuffisants. - Cette déconnexion pourrait être liée aux très faibles valeurs du rapport K/Mg (0,4 en moyenne, 87% <0,5), en raison de l’antagonisme entre les absorptions du magnésium et du potassium. Ces résultats mettent à nouveau en évidence les limites du raisonnement de la fertilisation des prairies de longue durée à partir des seules analyses de sol. Un essai mené Belgique avec une prairie au faible indice iK, sur sol bien pourvu en K mais très riche en Mg, avait ainsi pu montrer une augmentation sensible du rendement et de l’indice iK avec une fertilisation potassique (S. Cremer et al, 2017). Dans nos situations cette pratique ne serait toutefois pas économiquement intéressante, d’autant plus que le premier facteur limitant du rendement est probablement la fertilisation azotée, les indices de nutrition en azote (INN) étant très faibles (29 à 63). De plus les teneurs en K des foins issus de ces prairies, bien que moitié moindres que celles couramment observées, restent bien au-dessus des besoins des ruminants.
Journées de printemps 2024 Impacts et services environnementaux des élevages : contribution de la prairie et des fourrages
Auteur
- Ratier F.
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