Suivi des prairies en Wallonie (Belgique) par une approche combinant images satellitaires et modèle de croissance en vue d’optimiser la gestion des exploitations agricoles dans le contexte du changement climatique

Représentant environ la moitié de la surface agricole utile en Wallonie (SAU = 738 927 ha), les prairies occupent une place majeure dans l’agriculture wallonne. Optimiser la gestion des surfaces enherbées est une des principales clés permettant d’améliorer la résilience des exploitations au travers d’une plus grande autonomie alimentaire et protéique. Le pâturage y joue un rôle prépondérant, l’herbe étant l’aliment le plus adapté pour la vache, et est en lien étroit avec le bien-être animal, la qualité des aliments produits (lait/viande) et la fourniture de services écosystémiques. Faire pâturer son cheptel de façon optimale nécessite une bonne technicité et un ajustement constant entre l’oƯre en herbe et la demande des animaux. Cela peut s’avérer compliqué dans le contexte de changement climatique, où l’occurrence des événements climatiques extrêmes (ex. : sécheresses, inondations) ne cesse de croître.

Dans le cadre du projet de recherche Sunshine, une approche basée sur des informations extraites des images satellitaires couplée à un modèle de croissance de l’herbe a été développée. La solution proposée s’appuie sur une large campagne de collecte de données (hauteurs d’herbe, biomasse, composition floristique, ...) à travers la Wallonie mise en place en 2022-2024. Ces données permettent de calibrer la méthodologie aux conditions pédoclimatiques wallonnes. L’intégration des données de biomasse estimée à partir des images satellitaires optiques Sentinel 2 dans le modèle de croissance de l’herbe Modvege permet d'estimer et de prédire la croissance de l'herbe, avec une erreur quadratique moyenne (RMSE) allant de 367 à 482 kg de matière sèche par hectare.
L’ensemble des données sont intégrées dans l’outil d’aide à la décision W@llHerbe à destination des éleveurs et coconstruit avec eux. L’outil, au-delà de son rôle de facilitateur de la gestion au quotidien (e.g. planification de l’utilisation des parcelles, organisation des fauches et optimisation des rations), a pour vocation de promouvoir et d’améliorer l’autonomie en herbe et à repositionner les prairies en termes de compétitivité en réduisant les apports extérieurs et en soutenant le maintien des écosystèmes prairiaux.