15 septembre 1975
auteur : Ravis-Giordani G. -
Il s'agit ici de l'élevage traditionnel des chèvres et des brebis en Corse : élevage extensif caractérisé par l'errance. Le troupeau est disséminé à travers un espace de plusieurs dizaines de kilomètres, en petits groupes de bêtes conduites par une bête souche. Il ne s'agit pas d'un abandon mais d'une technique : l'errance est systématique et contrôlée notamment par les techniques de reproduction: l'autonomie laissée au troupeau étant corrigée par l'homogénéité de celui-ci.L'auteur approfondit l'étude de ce pastoralisme en utilisant l'analyse linguistique (dénomination des différents territoires librement occupés par les troupeaux errants), puis l'observation des comportements animaux, ce qui l'amène à décrire les techniques de conduite du troupeau et, par conséquent, l'organisation du travail. Enfin la «navette» entre l'histoire et la géographie lui permet de lire dans plusieurs dimensions à la fois.Cette pratique repose, en effet, sur toute une organisation sociale et une mentalité spécifique. Son élucidation renvoie à l'étude zootechnique (comportement grégaire), à l'étude du relief (prédominance de la montagne et de ses modes de vie, vallées encaissées...), à l'histoire globale des civilisations méditerranéennes, à l'histoire du droit et des mœurs (persistance de la propriété et des droits collectifs).Ainsi peuvent apparaître et la cohérence de cette pratique technico-économique et ses contradictions successives (pastoralisme et agriculture intensive, contamination de l'élevage ovin par l'élevage caprin, conflits des bergers et des propriétaires. Il n'y a pas opposition entre structures et événement, mais enrichissement 'par la collaboration méthodologique.
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