Brins d'herbe

De belles praires pour les chevaux

Vous souhaitez offrir à vos chevaux une alimentation saine et naturelle ? Cet article vous guide dans la gestion optimale de vos prairies. Découvrez comment adapter vos pratiques en fonction du comportement des chevaux, améliorer la qualité de votre herbe et optimiser la productivité de vos pâturages.

Bruno Osson

Bruno Osson

Semae

Expert fourragères

Pâturage mixte bovin-equin

Lorsque l’on se promène à la campagne et que l’on observe les prairies, l’on distingue très vite celles destinées aux chevaux, même en leur absence. La végétation est alors hétérogène avec la présence de certaines adventices, telles le rumex et la renoncule. Des zones compactes sont refusées par les équidés, alors que d’autres sont rasées.

Si l’on estime le potentiel de production des prairies naturelles entre 8 et 10 tonnes de matière sèche par hectare et qu’un cheval de selle consomme annuellement 4 tonnes de matière sèche, l’on devrait pouvoir nourrir 2 chevaux par hectare. En général l’on est loin du compte !

Alors que mettre en œuvre pour se rapprocher de cet objectif ?

Il convient de comprendre le comportement du cheval au pâturage, ainsi que la dynamique des flores prairiales, et de faire coïncider les deux !

Le cheval est un monogastrique. Il pâture avec un débit d’ingestion faible et parvient habillement à sélectionner les plantes, préférant les tendres et jeunes plantules de graminées. Grâce à sa dentition, il rase très court, mais il parvient aussi à bien valoriser les graminées à un stade avancé, fleuries, voire à la grenaison. Cela s’expliquer par un important caecum qui est une cuve à fermentation, dans le gros intestin. La cellulose, de l’hémicellulose par des microorganismes, des acides gras volatiles sont alors libérés, ainsi que des gaz évacués par le rectum.  

Le temps passé à brouter est important : 14 à 18 heures par jour. Lorsque les besoins du cheval augmentent (croissance, périodes froides, lactation), le cheval augmente naturellement le temps de pâturage. Des événements peuvent venir contrarier le temps de broutement comme des insectes gênants, des mésententes entre congénères et bien sûr le travail.  

Le cheval remplit donc son estomac, qui est petit par rapport à la taille de l’animal (15 litres pour un cheval de 500 kg). Dès que l’estomac est plein, il se vidange dans l’intestin grêle (70 litres, temps de transit 2 heures). Ensuite, c’est le gros intestin (200 litres dont le caecum temps de transit 24 à 48 heures).  Les risques coliques sont très liés aux particularités physiques du fourrage conservé (foin ou enrubannage). Les constituants doivent être meubles les uns par rapport aux autres. Lorsque le fourrage est constitué de beaucoup de feuilles ou qu’une faucheuse conditionneuse a été utilisée, les éléments ont tendance à s’agglomérer et à constituer un bouchon. C’est pourquoi, les foins de première coupe, plus riches en tiges et non écrasées sont préférables à du foin de regain.

Au pâturage, le cheval sélectionne des zones où il ne consomme rien, sur le reste de la surface, la végétation est rasée. Ces zones de refus, représentent environ 30% de la surface et sont rigoureusement les mêmes d’une année sur l’autre. C’est là aussi que le cheval y concentre ses déjections.

Des zones hyper fertilisées par les déjections, avec une végétation haute, vieillissante se retrouvent avec des zones rases qui s’appauvrissent. Ce pâturage ras convient peu aux graminées car la base de la tige est la réserve de glucides qui sert à la plante à refaire des feuilles lorsque l’herbivore est venu défolier et beaucoup de ces graminées se nanifient. D’autre part, le lien est important entre la hauteur de végétation et la profondeur de l’enracinement. Le maintien d’un couvert ras le rend très sensible à la sécheresse. Bon nombre de graminées sont alors être dominées par des adventices telles que la renoncule, les rumex. Le cheval se déplace également trois plus qu’un bovin. Or lorsque qu’une plante est piétinée, la systémie (circulation de la sève) s’arrête quelque temps ainsi que sa productivité.

Quelles solutions pour améliorer les prairies pour chevaux ?

Six pistes sont à explorer pour améliorer les prairies pour chevaux.

L’alternance : pour diminuer les conséquences du comportement équin, il est possible d’alterner le pâturage avec des bovins ou des ovins ou bien d’alterner la fauche et le pâturage. Le pâturage peut être en cohabitation ou en succession, en faisant passer l’animal dont les besoins sont les plus importants en premier.

La fertilité du sol : les zones pâturées ne reçoivent aucune déjection, alors que les zones de refus bénéficient de restitutions. Pour booster les graminées par rapport aux indésirables, il est possible de faire des apports d’azote, en fractionnant, et sans dépasser les 30 kg d’azote par passage, en fonction de la pluviométrie. En fumure de fond, l’épandage de fumier vieilli (pas trop pailleux) avant l’hiver, dans les zones pâturées a un impact extraordinaire qui doit se faire après le retrait des animaux et un broyage de toute la prairie. L’apport de ce fumier décompacter le sol, grâce aux vers de terre. L’activité biologique du sol et donc la fertilité augmentent grâce à un apport de chaux, distant d’au moins six mois, sur une végétation non active.

L’introduction de nouvelles plantes : lorsque les graminées de premier ordre, fétuque élevée, ray-grass anglais, fléole, dactyle, fétuque des près, se raréfient, le semis ou sursemis s’impose.  Deux questions se posent alors : l’itinéraire cultural et le choix des espèces. Pour ressemer totalement la prairie, le labour présente de multiples inconvénients : diluer la matière organique, remonter à la surface des éléments indésirables (cailloux, sols différents, graines d’adventices) et diminuer ensuite la portance du sol. Il faut également prendre en compte le coût de l’énergie lié aux différents passages.  Il est possible de désherber avec un produit systémique, avant l’hiver, durant lequel les vers de terre effectuent un travail extraordinaire. ATTENTION DE RESPECTER LA REGLEMENTATION. Il suffit alors de semer directement en surface et de rouler au printemps. L’on peut aussi désherber en été puis semer avec un semoir adapté, comme un semoir à disques ouvrant. La dernière solution est le sursemis. Le principe consiste à semer avec un semoir adapté, à disques ou à dents, dans la végétation existante, puis à gérer afin de faire dominer la nouvelle flore par rapport à l’ancienne.  

Quant aux choix des espèces, il se fait en fonction du type de sol, du type de chevaux et de l’usage prévu. Ainsi les chevaux de biotope pauvre, comme les shetlands, les fjords, qui ont des faibles besoins et qui sont prédisposés à la fourbure doivent avoir des graminées moins riches, comme la fétuque élevée. Des animaux aux besoins élevés comme les juments en lactation ou les jeunes en croissance doivent bénéficier de plantes riches comme le ray-grass anglais.

Un paddock de délestage : lorsque des risques de piétinement excessif ou de surpâturage se présentent, ou bien en hiver, il faut concentrer les animaux sur une surface réduite, dénudée au printemps. Il suffit alors de semer à la volée du ray-grass italien, très facile d’implantation, peu onéreux, qui produit vite, mais qui sera détruit à nouveau l’hiver suivant.  

Empêcher les indésirables de se reproduire : c’est une règle. Au plus tard à la floraison, broyer les plantes. Les solutions chimiques étant compliquées à mettre en place (réglementation et mise en œuvre), aider les graminées à dominer les adventices par le mode d’exploitation (déprimage) et par une légère fertilisation azotée.

Aménager le parcellaire : diviser la prairie en 4 ou 5 parcs et organiser le pâturage tournant a un impact surprenant, tant sur la quantité produite que sur la proportion de plantes intéressante. Le découpage se fait de préférence perpendiculairement à la pente car le cheval aime se concentrer sur les hauteurs.


Humide l'hiver et séchant l'été

Humide l'hiver et frais l'été

Sain l'hiver et séchant l'été

Sain l'hiver et frais l'été

Chevaux à besoins élevés

Dactyle

Fétuque des prés

Ray-grass Anglais

Fétuque des près

Ray-grass anglais

Dactyle

Ray-grass anglais

Ray-grass anglais

Fétuque des près

Chevaux à besoins moyens

Dactyle

Fétuque des près

Ray-grass anglais

Fétuque élevée

Fétuque des près

Ray-grass anglais

Fétuque élevée

Fléole

Dactyle

Ray-grass anglais

Fétuque élevée

Ray-grass anglais

Fétuque des près

Fléole

Fétuque élevée

Chevaux à faibles moyens

Fétuque élevée

Fétuque élevée

Fétuque élevée

Fétuque élevée

Production de foin de qualité

Fétuque élevée

Trèfle violet (enrubanné)

Fétuque élevée

Fléole

Trèfle violet (enrubanné)

Fétuque élevée

Dactyle

Luzerne

Fétuque élevée

Fléole

Dactyle

Luzerne


Dans chaque situation l’on peut ajouter 3 ou 4 kg de semences de trèfle blanc de type nain afin qu’il participe à la biologie globale de la prairie.

La gestion des prairies pour chevaux est donc plus complexe que celle des prairies destinées aux bovins, mais avec quelques connaissances et peu de moyens, il est facile de progresser sensiblement et d’impacter positivement le résultat de l’exploitation équine. SEMAE FORMATION propose des sessions de 1 ou 2 journées de formation.

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