La luzerne
Plante de fauche par excellence, résistante à la sécheresse
La luzerne est une légumineuse cultivée sur plus de 650 000 hectares en France, que ce soit "en pur" ou associée à une graminée. Plante de fauche par excellence, la luzerne offre des atouts très actuels : exigence réduite en intrants et autonomie de la production de protéines. Productive en été, elle sécurise les systèmes fourragers : sa résistance à la sécheresse reste bien sûr son atout maître. Ses qualités en font un fourrage d 'autant plus intéressant que la sélection a permis d'améliorer différents points, comme la résistance à la verse, la résistance aux maladies et la teneur en protéines. D'autre part, les techniques de conservation du fourrage sont désormais mieux maîtrisées.
PÉRENNITÉ : 3 à 4 ans
SEMIS : 15 à 20 Kg/ha
VITESSE D'IMPLANTATION : moyenne
CRITÈRES DE CHOIX DES VARIÉTÉS :
○ type botanique (flamand ou provence),
○ grosseur des tiges (résistance à la verse),
○ résistance à la verticiliose,
○ teneur en protéines,
○ répartition du rendement
VALEUR ALIMENTAIRE :
fourrage vert 1er cycle, début épiaison, en g/kg MS
○ MS : 189
○ MAT : 178
○ MAD : 132
○ UFL : 0,73
○ UFV : 0,65
○ PDIN : 112
○ PDIE : 85
INTÉRÊTS DE L'ESPÈCE :
○ bonne pousse estivale,
○ fertilisation azotée inutile,
○ très bonne valeur azotée,
○ rendement élevé en bonnes conditions,
○ s'associe bien avec le dactyle et le brome
LIMITES DE L'ESPÈCE :
○ sensible aux excès d'eau et à l'acidité,
○ Ensilage difficile car pauvre en sucre (mauvaise conservation),
○ risque de météorisation au pâturage
Qu'est ce que la luzerne ?
La luzerne est cultivée sur plus de 650 000 hectares en France, que ce soit "en pur" ou associée à une graminée. Ses qualités en font un fourrage toujours d'actualité, d'autant plus que la sélection a permis d'améliorer différents points, comme la résistance à la verse, la résistance aux maladies et la teneur en protéines. D'autre part, les techniques de conservation du fourrage sont maintenant mieux maîtrisées. La résistance à la sécheresse reste bien sûr un atout maître de la luzerne.
La luzerne : une production importante en été
45 à 50 % de la production annuelle de la luzerne est réalisé pendant la période estivale, quand la majorité des autres plantes fourragères pousse peu.
Cette résistance à la sécheresse s'explique par sa puissante racine pivotante.
La plupart des luzernes cultivées en France résistent également bien au froid : on peut les cultiver partout jusqu'à une altitude de 1800 mètres. Dès que la température s'élève et surtout dès que les jours rallongent, les luzernes de type flamand, de loin les plus répandues, donnent des tiges et une bonne première coupe. Les luzernes de type Provence sont plus sensibles au froid mais leur adaptation aux coupes fréquentes et leur résistance à la sécheresse sont exceptionnelles.
La luzerne est la plante fourragère la plus riche en protéines
Une luzernière qui produit 15 tonnes de matière sèche à l'hectare fournit 2,6 tonnes de protéines.
Par comparaison, un soja produisant 35 quintaux/hectare n'en fournit que 1,4 tonne.
Une plante bénéfique pour le sol
Comme toute légumineuse, la luzerne puise l'azote directement dans l'air et le fixe dans les nodosités de sa racine sans risque de lessivage d'azote. Non seulement elle permet d'économiser l'azote, mais encore elle en restitue à la culture suivante (40 à 60 unités). Les céréaliers le savent bien, la luzerne est un des meilleurs précédents culturaux qui soit.
La luzerne demande des sols sains à bonne réserve en eau et pas trop acides
Les sols lourds, battants, mal draînés ou encore trop acides (pH6) ne lui conviennent pas.
Il faut parfois inoculer les semences de luzerne avec des bactéries quand le terrain où l'on veut semer est acide ou s'il n'a pas porté de luzernière depuis longtemps. En effet, dans ce cas, il est probable que le terrain ne contienne plus de bactéries capables de vivre sur les racines de la luzerne et de fixer l'azote de l'air. Des cultures bactériennes sont disponibles dans le commerce pour traiter les semences. Si le pH du sol est compris entre 5,5 et 6,5 (sols assez acides), un chaulage et l'apport de fumier seront bénéfiques au démarrage de la culture. La luzerne, grâce à sa puissante racine, résiste à la sécheresse et améliore la structure du sol.
Son implantation
Quand semer ?
Semis de printemps
Au printemps l'implantation est souvent meilleure qu'en fin d'été, mais on n'assurera alors qu'une demi production au cours de l'année. Il faut semer dans un sol suffisamment ressuyé et réchauffé et avant les dates indiquées ci-contre pour limiter les risques de destruction par la sécheresse.
Semis d'été
Semez le plus tôt possible sitôt la culture précédente enlevée afin de bénéficier de la fraîcheur du sol. Les semis doivent être réalisés avant les dates limites présentées ci-contre de façon à ce que la jeune luzerne soit suffisamment développée (2-3 feuilles trifoliées) pour affronter l'hiver et les premiers gels.
Comment semer ?
La luzerne réclame des sols sains et pas trop acides (pH > 6).
Les semences de luzerne étant de petite taille (300 à 600 graines par gramme), il est important de semer en surface à 1 ou 2 cm de profondeur maximum. Le lit de semence doit donc être bien émietté. Veillez également à rappuyer le sol en profondeur pour faciliter la croissance des racines et la remontée de l'humidité. Il est important d'éviter de former toute semelle de labour qui empêcherait un enracinement profond de la luzerne et réduirait fortement sa résistance à la sécheresse.
Un désherbage s'imposera à l'implantation, ainsi qu'une surveillance du développement des limaces.
A quelle dose semer ?
Le peuplement recherché en culture pure est de 500 plantes au m2, soit 15 à 20 kg de semences de luzerne à l'hectare.
En association avec un dactyle ou un brome, la dose de luzerne sera de 15 kg et celle de la graminée de 12 kg pour un dactyle et de 25 kg pour un brome.
Le semis sous couvert : une technique à manier avec précaution
Sous couvert de céréales
Le semis est délicat et il est difficile de réussir à la fois la luzerne et la céréale.
Choisir une variété de céréale précoce et résistante à la verse,
Réduire la fertilisation azotée pour limiter la concurrence et l'ombre de la céréale,
Ramasser très rapidement la paille de la céréale après la récolte, car elle peut étouffer les jeunes plantules de luzerne.
Sous couvert de tournesol
Choisir une variété demi-précoce ou tardive de tournesol,
Semez entre le 1er avril et le 15 mai,
Semez d'abord le tournesol à 3-5 cm de profondeur et visez un peuplement de 50 000 graines/hectares,
Limitez l'apport d'azote.
Comment l'exploiter
La quasi totalité des luzernières sont fauchées au printemps et en été, cela afin d'éliminer les risques de météorisation au pâturage.
La meilleure date de fauche correspond à un compromis entre le rendement et la qualité de la luzerne. En effet, plus on récolte tard, plus le rendement en matière sèche augmente et plus la valeur alimentaire chute. Ainsi, au stade floraison, la luzerne a déjà perdu sur pied 10 à 15 % de sa valeur alimentaire. Le meilleur compromis est d'exploiter la luzerne dès l'apparition des bourgeons. A ce stade, la luzerne produit son maximum de protéines et d'UFL (?) à l'hectare.
Ensiler la première coupe est une bonne solution. Toutefois, la luzerne étant pauvre en sucres, il est nécessaire de prendre des précautions pour réussir.
Pour l'ensilage de luzerne
Utiliser une faucheuse conditionneuse à rouleaux juste après disparition de la rosée du matin. Ce matériel accélère le ressuyage de la récolte tout en ménageant les feuilles.
Hacher finement les brins de luzerne afin de favoriser le tassement, la fermentation et l'appétence du fourrage.
Eviter d'incorporer de la terre au silo. Ajouter au fourrage un conservateur (type acide formique) si le temps ne permet pas un véritable préfanage (viser 30 % minimum de matière sèche).
Fabriquer un silo bien tassé, couvert hermétiquement.
La balle ronde enrubannée : une technique qui sécurise la récolte de la luzerne
La luzerne enrubannée se conserve très bien à condition de l'avoir récoltée à au moins 50 % de matière sèche. Les pertes à la conservation sont réduites par rapport à un ensilage et la perte de feuilles due au séchage est moins importante qu'avec un foin. Sa valeur énergétique est donc supérieure à une récolte en foin.
On fauchera la luzerne (ensilage ou foin) après la 1ère coupe d'ensilage, au rythme d'une coupe toutes les 6 semaines. On peut donc, grâce à une 1ère coupe "précoce" en ensilage, espérer 2 bonnes coupes avant la sécheresse de l'été.
Selon les cas, une luzernière peut produire 3 à 5 coupes pendant 3 à 4 années consécutives. Attention, cependant, de ne pas épuiser la luzerne par des exploitations trop intensives qui pénalisent la durée de vie de la culture.
Il est conseillé de laisser fleurir la luzerne au moins une fois dans l'année pour lui permettre de reconstituer des réserves (10 % de fleurs suffisent pour cela). Pour ne pas trop pénaliser la production de fourrage, il est préférable de plutôt laisser fleurir la 3ème coupe qui est moins productive que les précédentes. La dernière exploitation de l'année est souvent pâturée. Certaines précautions sont nécessaires : il est, par exemple, conseillé de distribuer du foin aux animaux avant de les mettre dans la luzernière et de rationnner le pâturage à l'aide d'un fil électrique.
Pour l'affouragement en vert, la luzerne se marie bien avec l'ensilage de maïs.
Associer la luzerne à d'autres espèces
Associer du dactyle ou du brome à la luzerne : une bonne solution
- A fumure égale, la production d'une "association" est au moins égale à celle d'une culture pure de graminée ou de luzerne. En effet, la graminée (dactyle ou brome) explore des couches de terre moins profondes que la luzerne : son alimentation ne perturbe pas celle de la luzerne,
- La production est mieux répartie sur l'année : au début du printemps, la graminée fournit la plus forte part du rendement, alors qu'en été la luzerne prend le relais,
- Le fourrage est mieux équilibré entre l'énergie et les matières azotées, ainsi qu'entre les différents minéraux (phosphore, calcium, sodium, manganèse, etc.),
- La récolte et la conservation du fourrage sont plus faciles que la récolte d'une luzerne "en pur" : le fanage est plus facile et la teneur en sucres est meilleure,
- Le pâturage est plus facile à maîtriser qu'avec une luzerne pure,
- Enfin, la luzerne, grâce aux nodosités présentes sur ses racines, fixe l'azote de l'air; une partie de cet azote peut ensuite être récupérée par la graminée, ce qui représente une éconnomie d'engrais appréciable,
- Cependant, l'installation et le désherbage d'une association sont plus délicats que ceux d'une culture pure.
Parce qu'ils épient à peu près au moment de la floraison de la luzerne, le dactyle tardif et le brome conviennent l'un et l'autre pour être associés à la luzerne. De plus, ces deux espèces de graminées fournissent des repousses appréciables en été et en arrière saison.
Sa valeur alimentaire
Grâce à sa remarquable teneur en protéines, la luzerne est l'aliment idéal pour rééquilibrer les rations riches en énergie. Dans le cas des vaches laitières alimentées à base d'ensilage de maïs, la luzerne, utilisée en vert ou en ensilage, doit représenter 30 à 50 % de la ration de base.
Le tableau suivant est tiré des tables de l'alimentation de l'INRA.
Première coupe |
Coupes suivantes (repousses âgées de 5 semaines) |
|||
Stade début bourgeonement |
Stade Floraison |
2ème coupe |
3ème et 4ème coupes |
|
Luzerne sur pied |
||||
Teneur en UFL (nombre d'Unités Fourragères Lait par kg de MS) |
0,83 | 0,69 | 0,82 | 0,84 |
Teneur en UFV (nombre d'Unités Fourragères Viande par kg de MS) |
0,75 | 0,59 | 0,75 | 0,77 |
Teneur en protéines (en g/kg de matière sèche) |
159 | 122 | 178 | 210 |
Ensilage de luzerne (brins courts avec conservateur) |
Stade bourgeonnement |
repousses âgées de 7 semaines |
||
Teneur en UFL (nombre d'Unités Fourragères Lait par kg de MS) |
0,77 | 0,76 | ||
Teneur en UFV (nombre d'Unités Fourragères Viande par kg de MS) |
0,68 | 0,67 | ||
Teneur en protéines (en g/kg de matière sèche) |
126 | 130 | ||
Foin de luzerne (séché au soleil) |
Stade bourgeonnement |
repousses âgées de 7 semaines |
||
Teneur en UFL (nombre d'Unités Fourragères Lait par kg de MS) |
0,67 | 0,62 | 0,67 | |
Teneur en UFV (nombre d'Unités Fourragères Viande par kg de MS) |
0,58 | 0,52 | 0,57 | |
Teneur en protéines (en g/kg de matière sèche) |
123 | 112 | 125 |
Choix des variétés
Le choix d'un type se fera en fonction de la localisation géographique.
Le type Flamand
Le type Flamand est le plus utilisé en France. Il convient particulièrement aux régions Nord de la France.
- Productivité élevée,
- Résistance au froid,
- Supporte difficilement les coupes fréquentes.
Le type Provence
Les luzernes de type Provence sont intéressantes en région méditerranéenne ainsi que sur la côte atlantique. Elles pourraient se développer davantage conduites en coupes fréquentes afin de réaliser un foin de très bonne qualité.
- Production importante en été-automne, plus faible au printemps,
- Repousse rapide après les coupes,
- Tolérance aux coupes fréquentes,
- Bonne réponse à l'irrigation,
- Sensible au froid.
Les principaux critères de choix des variétés de luzerne
Plusieurs critères permettent de choisir les variétés de luzerne les mieux appropriées à chaque utilisation et à chaque région. Ces critères sont mentionnés dans les tableaux variétaux fournis par les différents organismes techniques ou par la presse agricole. Voici les principaux critères de choix des variétés de luzerne.
La résistance à la verticiliose
L'impact de cette maladie sur le rendement et la qualité de la luzerne est important. En zone sensible, les différences de rendement peuvent atteindre 25 à 30 % dès la 2e année d'exploitation entre une variété résistante et une variété sensible à la verticiliose.
Seule la sélection variétale permet de lutter contre cette maladie.
La résistance aux nématodes
Seule l'utilisation de variétés résistantes permet de lutter contre ce parasite. Dans les zones infestées, l'utilisation de variétés résistantes permet d'obtenir de meilleurs rendements et de conserver la luzernière plus longtemps.
La résistance à la verse
Une luzerne qui verse, c'est :
- moins de rendement ; les pertes de fourrage au sol peuvent facilement atteindre 10 %,
- un fourrage récolté de moins bonne qualité ; la récolte d'un fourrage versé s'accompagne de fortes pertes de feuilles qui sont les organes les plus riches en protéines.
Des différences variétales importantes existent sur ce critère.
La teneur en protéines
La teneur en protéines peut varier de plus ou moins 1 point selon les variétés. Cela présente un intérêt tout particulier pour les luzernes destinées à la déshydratation pour lesquelles on recherche des teneurs en MAT supérieures à 20%.
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