Le pâturage hivernal, une opportunité technique et économique à saisir
Le changement climatique modifie fortement l’offre d’herbe sur l’année. Si les sécheresses estivales prolongées diminuent drastiquement cette offre sur l’été, l’élévation des températures laisse entrevoir l’opportunité d’une valorisation un peu plus conséquente d’herbe sur l’hiver. Une exploitation par le pâturage pourrait permettre des économies substantielles par rapport à un affouragement des animaux sur stock, en bâtiment. Cependant, plusieurs freins à cette pratique sont identifiés en particulier : i) des interrogations sur la valorisation efficiente de cette herbe l’hiver par les bovins et ii) les conséquences du passage des animaux dans des conditions de portance pouvant être impactantes sur la productivité de la prairie.
L’objectif de cette communication est de présenter les résultats obtenus dans le cadre des travaux sur le pâturage hivernal effectués sur la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou afin de mieux appréhender la faisabilité et l’intérêt de cette pratique. Ces travaux s’articulent autour de 3 approches : pendant 3 hivers (2021 à 2024) de début décembre à fin février : i) une démonstration zootechnique de pâturage hivernal d’un lot de 20 bovins en croissance de 1 à 2 ans avec un chargement instantané faible ( ≈ 8 UGB/ha), ii) un dispositif analytique sur 3 parcelles du circuit avec une zone en défens, témoin, de la zone pâturée pour étudier les conséquences sur les dynamiques du couvert et iii) une modélisation économique et environnementale pour évaluer les conséquences de cette pratique par rapport à une alimentation sur stock en bâtiment. Les résultats sont plutôt satisfaisants sur le plan zootechnique avec des croissances similaires à celles obtenues les années antérieures en bâtiment pour cette catégorie animale.
Le niveau de valorisation du couvert présent est élevé de l’ordre de 85 % en moyenne Le cumul de la biomasse pâturée l’hiver et de la repousse en sortie hiver est équivalent à celui obtenu sur la zone témoin. Le pâturage hivernal ne semble donc pas affecté la productivité de la prairie. En revanche, l’hypothèse d’une augmentation significative du taux de légumineuse n’est pas vérifiée. D’un point de vue valeurs nutritives, cette valorisation hivernale permet d’améliorer la teneur azotée de l’herbe en sortie hiver et participe donc d’une légère augmentation de la production de protéines par hectare de la zone pâturée par rapport à la zone témoin. Les premiers éléments de chiffrage économique montrent une économie de l’ordre de 75 €/animal par rapport à une consommation alimentaire sur stock en bâtiment. Les chiffrages pour une évaluation plus globale sont en cours de finalisation.
Journées de printemps 2025 Rôles de la prairie et des fourrages dans la compétitivité des élevages de demain
Auteurs
- DAVEAU BERTRAND
- Letellier B.
- FORTIN Julien
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