Pâturage estival de mûrier blanc (Morus alba) par les chèvres laitières : effets sur les performances zootechniques, le lait et le fromage

Face aux sécheresses estivales, de plus en plus fréquentes, les arbres fourragers apparaissent comme une solution permettant aux éleveurs d’offrir un fourrage vert à leurs animaux. L’effet de l’intégration de ces essences, et plus particulièrement du mûrier blanc, dans l’alimentation des chèvres laitières est peu connu. Deux essais, en 2021 et 2022, ont été conduits sur la ferme caprine du Pradel (07) pour déterminer l’impact du pâturage de mûrier blanc sur les performances zootechniques et sur les caractéristiques des laits et des fromages de chèvre. Chaque année, deux lots de 24 chèvres laitières ont été soit conduits sur un pâturage de mûrier blanc, soit nourries à l’intérieur avec une ration à base de foin de luzerne, avec la même complémentation en concentré (750 g/j). Le lait de chaque lot a été transformé séparément, soit par lot (2021), soit par sous-lot (2022), pour vérifier l’aptitude à la transformation fromagère jusqu’à la dégustation des Picodons AOP par des consommateurs naïfs (2021) ou un panel expert (2022). Les feuilles de mûrier ont eu une bonne valeur alimentaire et ont constitué environ les deux tiers de la ration fourragère du lot Mûrier (estimation grâce aux alcanes), avec un maintien de la production laitière entre les lots. Dans les deux essais, les taux butyreux et protéique du lait ont été supérieurs sur le lot Mûrier. Par conséquent le rendement fromager au démoulage a été supérieur pour les fromages du lot Mûrier. Les dégustations des Picodons AOP entre 12 et 15 jours d’affinage n’ont montré aucune différence entre les fromages des deux lots. Le Picodon répond aux attentes des consommateurs et conserve toutes les caractéristiques de son AOP.