03 janvier 2008
auteur : DURU MICHEL | co-auteurs : Al Haj Khaled R. - Ansquer P. - Cruz P. - Jouany C. - Theau J.P. - INRAE Therond O. - INRAE
Le terme de prairie riche en espèces regroupe une grande diversité de végétations herbacées destinées à l'usage agricole tout en étant reconnues pour leur intérêt environnemental. Gérer cette diversité par des pratiques agricoles adaptées devient dès lors un enjeu majeur. Cependant, les gestionnaires et les conseillers ne disposent pas toujours d'outils de diagnostic performants et génériques pour évaluer la dynamique de la ressource aux échelles saisonnière et pluriannuelle. Nous avons conçu et évalué une méthode permettant de réaliser des typologies de prairies en fonction d'objectifs agricoles et environnementaux (biodiversité). Cette approche s'appuie à la fois sur des études de dynamiques de croissance et de valeur alimentaire conduites dans l'équipe Orphée depuis une quinzaine d'années, ainsi que d'autres plus récentes portant sur la diversité fonctionnelle effectuées dans le projet européen Vista.
Les effets des pratiques agricoles sur la nature et l'abondance des espèces dans les prairies sont relativement bien connus. Par contre, les conseillers et les gestionnaires sont démunis pour évaluer l'impact de cette diversité sur la valeur d'usage agricole : rythmes et niveaux de production, valeur alimentaire. Dans une première partie, nous montrons que: (i) le regroupement des graminées en 4 types permet de rendre compte des caractéristiques suivantes : stades phénologiques, durée de vie des feuilles et teneur en fibres des organes ; (ii) le type dominant permet de classer les prairies selon les dates auxquelles sont atteints les pics de croissance (feuilles ou feuilles et tiges respectivement pour les pousses végétatives ou reproductives), ainsi que selon le maximum de digestibilité des feuilles et des tiges ; (iii) le type dominant dépend du niveau de compétition entre les espèces engendré à la fois par le niveau de nutrition minérale et par le mode d'exploitation ; (iv) le comportement des dicotylédones est très voisin de celui des graminées au sein d'une même prairie ; (v) la diversité fonctionnelle (types de graminées et proportion de dicotylédones) est corrélée à la diversité spécifique : elle est augmentée quand les ressources minérales sont faibles et pour certaines modalités de pâturage. Dans une deuxième partie, nous montrons comment mobiliser ces résultats pour réaliser des typologies de valeurs d'usage agricole et environnemental basées sur des descripteurs de la végétation (types de graminées et abondance relative des dicotylédones) et du niveau de nutrition minérale, ou bien sur une connaissance des pratiques et de leurs effets. En application, nous illustrons différents usages des typologies : évaluer la souplesse d'utilisation permise par la diversité fonctionnelle intra communauté, ou bien évaluer la complémentarité entre prairies au sein d'une exploitation
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