Bouquets de services rendus par les prairies permanentes en AOP laitières de Normandie en lien avec le fonctionnement de la communauté végétale

L’intérêt croissant des consommateurs pour la production laitière durable a conduit au développement de labels de qualité. Ils impliquent la mise en place de cahiers des charges pour la gestion des élevages mais peu de recherches ont été menées sur leur impact sur les services écosystémiques (SE) fournis par les prairies impliquées. Le travail présenté ici vise à étudier des SE en lien avec l’analyse du fonctionnement des communautés végétales des prairies en AOP laitières de Normandie. Au sein de chacune des trente exploitations étudiées, une parcelle de prairie permanente a été sélectionnée et caractérisée en termes d’intensité de gestion par l’indice LUI (Land Use Intensity), puis échantillonnée par des relevés de végétation ainsi que par des prélèvements de sol, de limbes et de fourrage. Ces échantillons ont permis de mesurer des indices de services, à savoir : la richesse spécifique (S), l’indice de Shannon (H’) et l’indice d’équitabilité (E) pour l’accueil de la diversité floristique puis l’indice de Rao pour la diversité fonctionnelle (services de support) ; la matière azotée totale (MAT) et la digestibilité pepsine-cellulase (DCS) pour la qualité fourragère (services de fourniture) ; ainsi que la teneur en matière organique (SOM), le stockage de carbone (SOCstock) et le carbone labile (HWC) dans le sol (services de régulation). Des traits fonctionnels (surface foliaire spécifique (SLA), teneur en matière sèche (LDMC), teneur en azote (LNC), rapport carbone/azote (LC:N)), ont été mesurés sur les espèces dominantes de chaque parcelle et extrapolés à l’échelle de chacune des communautés végétales pour caractériser leur fonctionnement.

L’analyse des indices de services a permis d’identifier des groupes de prairies présentant des bouquets de services analogues. Il existe une synergie entre les services d’accueil de la diversité floristique et fonctionnelle et de stockage du carbone dans le sol, ainsi qu’un compromis entre la diversité et la qualité fourragère. Les différences entre bouquets de services s’expliquent notamment par des différences de fonctionnement des communautés végétales. Au sein des trente prairies, les plus diversifiées sont dominées par des espèces conservatives favorisant le stockage de carbone aux dépens de la qualité fourragère. A contrario, les prairies productives, fertiles et moins diversifiées, sont dominées par des espèces à stratégie exploitatrice, qui offrent un fourrage plus digeste mais un stockage du carbone plus faible. Les résultats obtenus mettent en évidence l’intérêt d’utiliser une approche fonctionnelle dans l’étude des SE. Ces services sont liés entre eux et dépendent de l’intensité de la gestion qui se traduit dans le fonctionnement des communautés végétales.