Caractérisation agro-écologique des prairies naturelles inondables fauchées des vallées gasconnes : composition floristique, production et qualité fourragères

De 2021 à 2023, la Chambre d’Agriculture et l’ADASEA du Gers ont travaillé en partenariat sur la valorisation des prairies naturelles inondables (projet ValoPNI), pour les enjeux territoriaux auxquels elles répondent. Un des volets de ce projet a consisté à mieux connaitre les caractéristiques de ces prairies, traditionnellement fauchées au printemps, en termes de composition floristique, biomasse valorisable en fauche à la première coupe, valeur alimentaire du fourrage, caractéristiques du sol et coûts de récolte.
Les données ont été recueillies sur 31 parcelles : inventaire floristique en mai 2021, mesures de biomasses en milieu (P1 vers 1200°Cj / ~17 mai) et fin de printemps (P2 vers 1600°Cj / ~10 juin) en 2022 et 2023, avec notation visuelle de la composition botanique (% graminées / légumineuses / diverses) et analyse de la valeur alimentaire. En complément, des analyses de valeur alimentaire ont été réalisées sur des bottes de foin récoltées sur les mêmes parcelles, à une date soit proche de P2, soit plus tardive.
Les principales observations sont les suivantes :
 Une flore diversifiée : 40 espèces en moyenne, avec en proportion du volume 69% de graminées, 8% de légumineuses, 2% de cypéracées et 21% de diverses.
 Présence d’espèces à enjeux comme la Jacinthe de Rome ( dans 22% des prairies).
 Une productivité modeste : 3,0 t de MS/ha en moyenne en milieu de printemps, 3,6 t en fin de printemps.
 Une valeur énergétique dans la moyenne des valeurs observées sur les différents types de prairies permanentes au niveau national (R. Baumont et al., 2011) : 0,80 UFL /kg MS vers 1200°Cj pour le fourrage vert. Par contre la valeur azotée (PDIN = 60 g/kg MS) se situe parmi les plus basses valeurs observées dans cette étude nationale.
 Les analyses effectuées sur les foins montrent des valeurs énergétique et azotée semblables à la moyenne des foins de prairie du Gers pour les mêmes années (0,64 UFL et 47 g PDIN).
 La comparaison des valeurs alimentaires mesurées aux 2 périodes de prélèvement permet de chiffrer la perte de valeur alimentaire liée à une récolte retardée. Entre les prélèvements P1 et P2, l’évolution pour 100°Cj est en moyenne de -3,4 g de MAT, +6,4 g de CB, -0,02 UFL et -2,3 g de PDIN pour un fourrage récolté en foin. Ces résultats peuvent permettre d’évaluer plus précisément le préjudice subi par les éleveurs qui s’engagent dans des MAEC avec contrainte de date de fauche comme c’est le cas pour la grande majorité de ces prairies.