Hommage à Claude Béranger

Né à Paris et y ayant fait tout son cursus scolaire jusqu’à l’Agro, Claude Béranger n’était pas prédestiné à faire de la recherche sur les herbivores, ni à repenser le Développement Agricole ; il a pourtant apporté des contributions majeures dans ces deux domaines.
Il avait passé une partie de ses vacances à la campagne avec des cousins agriculteurs et éleveurs dans le Nord, puis avait eu des professeurs de Zootechnie de haute volée, mais c’est à l’occasion de son intégration à l’INRA avec Robert Jarrige que Claude choisira l’élevage herbivore comme terrain de recherche encore en plein balbutiement. Très vite, il va pouvoir s’impliquer dans deux actions fondatrices de ses engagements futurs à l’INRA. En 1959, il reprend la gestion du Domaine expérimental du Pin et le pilotage des essais, avec très peu de personnel technique ; il assume toutes les tâches de chef d’exploitation, depuis l’achat d’animaux, d’aliments et d’équipements jusqu’aux feuilles de paie. Puis en 1964-1966, il découvre l’Aubrac, en participant à une nouvelle forme de recherche dite coopérative sur programme (RCP) initiée par le CNRS. Claude y fait des enquêtes auprès des éleveurs pendant plusieurs semaines avec Bertrand Vissac, contribuant ainsi à la photographie initiale des exploitations. Démarré sous forme de « devoirs de vacances bénévoles » avec l’aval de Jarrige, c’est au cours de ce chantier qu’il tisse des liens forts avec les éleveurs de la région, dont André Valadier et Eugène Alexandre. Ces deux personnalités marquantes pour l’avenir de l’Aubrac étaient portées par une dynamique collective qui leur a permis de transformer en atouts les contraintes de cette zone de montagne. Ces premières expériences vont imprégner la vision de la recherche zootechnique de Claude pour la rendre plus opérationnelle, plus intégrée dans un système d’élevage et dans une petite région. Par la suite, la confrontation aux attentes des éleveurs et à celles de la société, l’acceptabilité de nouveaux modes de production, l’ancrage aux territoires et à leurs hommes resteront au cœur de son parcours.
Pour tenter de mieux cerner ce chercheur atypique, homme de dialogue et de synthèse, discret mais toujours à la bonne place au bon moment, nous avons retenu trois entrées complémentaires :
- le chercheur soucieux de l’intégration des techniques dans le système d’exploitation ;
- l’innovateur sachant transformer les idées nouvelles en démarches opérationnelles ;
- le médiateur discret mais efficace pour apaiser les relations entre les personnes et entre les institutions.