du 12 mars 2024 au 14 mars 2024
CHAUVEAU H.
Face aux aléas climatiques, les mélanges céréales-protéagineux récoltés immatures (MCPI) riches en protéagineux constituent un levier pour sécuriser l’autonomie alimentaire et protéique des élevages de bovins. Cette culture peut s’intégrer sous diverses formes dans les rotations : en culture dérobée, à l’implantation d’une prairie ou en sursemis dans une luzernière ou une prairie installée. La productivité est stable et le niveau de fertilisation modeste en comparaison d’une dérobée classique à base de graminée (RGI, seigle). De plus, la baisse de valeur alimentaire avec l’avancée en maturité des MCPI à base de protéagineux est plus limitée que celle des graminées, impliquant une plus grande souplesse à la récolte. Le choix des espèces, le stade et les conditions de récolte ont un impact majeur sur la qualité du fourrage. Néanmoins, beaucoup d’espèces utilisées dans ces mélanges n’ont pas été sélectionnées sur leur valeur fourragère. Des essais en stations expérimentales ont montré une bonne valorisation des MCPI sur des animaux à besoins modérés. L’utilisation des MCPI récoltés précocement pour des animaux à forts besoins n’a en revanche pas été documentée. Leur valorisation peut poser question, notamment leur ingestibilité, et ce d’autant plus que la part incorporée dans la ration est élevée. Un essai répété en 2022 et 2023 a été mis en place sur 120 vaches laitières sur la station expérimentale de la Jaillière (44). Trois modalités de ration, incorporant 15, 30 et 50% de MCPI, ont été testées. Les régimes expérimentaux (30 et 50% de MCPI) ont respectivement permis d’améliorer le niveau d’autonomie protéique de 16 et 32 points par rapport au régime témoin (54 % sur la base MAT). Les performances zootechniques ont été équivalentes entre le lot témoin et le lot 30%MCPI sur les 2 années d’essai. Alors que la production et la qualité du lait ont été équivalentes entre les lots témoin et 50%MCPI en 2023, une baisse de production de matières utiles a été observée pour le lot 50%MCPI en 2022, expliquée par une moindre ingestion de la ration. Le lait produit par les vaches des lots expérimentaux a présenté un profil en acides gras significativement amélioré en 2022 avec une augmentation de la teneur en AG Ω3 et une baisse du ratio AG Ω6/Ω3. Ceci n’a pas été le cas en 2023, possiblement à cause de la longue durée de préfanage au champ. En résumé, les résultats montrent des niveaux de valorisation proches des rations, avec néanmoins un fort impact du niveau de préfanage et des conditions de récolte dans le cas où le MCPI est intégré en quantité importante dans le régime alimentaire.
Les articles récents (moins de 2 ans) ne sont disponibles qu'aux participants des journées.